Avant tout, pourquoi traduire le titre de cette façon…. Et si ce n’était que cela. Un divertissement Hollywoodien qui peine à faire le plus simple et le plus rudimentaire de son travail : divertir. Ce cinquième opus prouve que la saga s’essouffle et, pire encore, coule vers le fond la notoriété acquise par les trois premiers films. Les pirates n’ont plus rien à faire en mer et même le capitaine Sparrow semble se demander ce qu’il fait encore debout.
PDC 5 n’est même pas un divertissement satisfaisant, simplement une preuve formelle qu’il faut savoir réprimer ses envies financières au profit d’un bon travail déjà fait qui n’est plus à faire, et qu’il est temps d’apprendre à manier la subtilité et le dosage bien plus que les prouesses perpétuelles et dévastatrices du numérique sur grand écran ( et en 3D tant qu’à faire). Si le quatrième opus avait déçu, il n’en n’est que plus reluisant à coté de celui-ci. L’ennuie du spectateur n’est pas total mais il commence à se faire sentir après une heure, notamment en raison d’un scénario très brouillon qui se perd littéralement dans une surdose d’enjeux différents, qui de surcroit ne sont pas complètement développés. Une intrigue basée sur la recherche d’un trident aux pouvoirs démentiels mais dont on ne sait quasiment rien, qui met sur sa route une île cachée au concept intéressant cependant. Cette petite trame se voit ponctuée de scènes qui se veulent comiques sans aucune suite logique ni d’intérêt scénaristique, mais c’est bien ce qui arrive quand on s’embarque dans une suite à risque : restaurer la gloire d’autrefois avec acharnement pour finalement se retrouver avec un spectacle raté. Le film donne une impression de forcing général, tant sur le jeu que sur l’humour (sans parler du visuel…), comme un mauvais gâteau que l’on sait bon mais que l’on surcharge de crème et de paillettes encore et encore et encore….
Avec une envie évidente de renouer avec l’esprit du premier film, PDC 5 n’offre aucune surprise mais là ne réside pas son problème majeur, malheureusement. Les personnages y sont pour beaucoup dans la pauvreté du récit et sa subtilité inexistante, un « détail » déplorable quand on sait qu’il s’agit bien d’une des grandes qualités de la saga, et ce à plusieurs niveaux. Le film est mis en avant par son changement de protagonistes, à savoir Henry Turner et Carima Smith/Barbossa. Si la volonté de mettre en scène le retour du fils de Will Turner et Elisabeth Swann est une idée intéressante, ce qui en résulte n’en est que plus affligeant et décevant. Comment le fils de deux personnages aussi affirmés, charismatiques et emblématiques peut-il faire preuve d’aussi peu de jugeote et d’intérêt ? Car même la quête qu’il suit depuis sa tendre enfance (sauver son père) ne structure en rien son personnage comme il le devrait et sort même de l’esprit du spectateur tant elle semble inexistante (on dirait même que Henry l’oubli par moment.. quand il croise les beaux yeux de Carima). Carima quant à elle n’est pas tellement mieux, hormis peut être le peu de caractère qui la rend légèrement plus intéressante que son acolyte. Tout comme Henry, elle manque cruellement de profondeur mais déborde de naïveté et de niaiserie. De plus, son personnage réduit à néant l’édifice de force et de charisme féminin érigé par Elizabeth Swann par son manque d’impact et les remarques macho qu’elle suscite (un illogisme scénaristique flagrant). A eux deux, le duo se veut le nouveau couple farre de la saga mais tourne immédiatement au ridicule, noyé dans une marre de répliques niaises typique des adolescents les plus futiles. Pour rester dans la lignée de la nouveauté, le nouveau super méchant de la franchise alias le Capitaine Salazar n’a pas de risque de faire la moindre petite tache d’ombre à ses prédécesseurs monstrueux. Un personnage mal écrit, peu crédible voir complètement grotesque qui suit sa devise enfantine de « tu m’as tué alors je te tu » en prétendant voguer sous l’emblème immaculé d’une morale anti piraterie mais qui finit par devenir aussi monstrueux que ceux qu’il exècre (encore une bonne logique la dedans, puisque ce trait de sa personnalité est bien appuyé et rappelé). Aucune de ses répliques ne laisse de trace ni ne suscite la moindre frayeur ou admiration pour lui. Et bien qu’étant le seul de cette joyeuse équipe de nouvelles têtes à avoir une histoire « développée », son passé justifiant ses actes d’aujourd’hui est on ne peut plus banale. Puis reviennent les habitués avec Barbossa qu’il nous plaît toujours de voir jusqu’à ce que la perte flagrante de son panache crève l’écran sous sa perruque et ses bijoux clinquants. Sa personnalité d’entant lui a été retirée au profit d’un gout prononcé pour les bibelots de pacotille et un caractère beaucoup trop lisse et calme pour le capitaine que l’on connaît. Et pour la plus grande tristesse des fans de la première heure, le pirate a perdu toute la belle éloquence qui faisait de lui ce qu’il était. Enfin, venons en au célèbre Jack ou du moins ce qu’il en reste. On a plus affaire au mémorial d’un héros populaire acclamé depuis quinze ans qu’au véritable pirate adoré de tous. Chacun de ses traits est forcé, tout comme sa célèbre dégaine qui est si exagérée qu’elle ne fait du pauvre Jack qu’un fantôme empreint de nostalgie. Les gags sont forcés, ses répliques n’arrivent qu’au premier échelon de la suprématie de sa répartie habituelle, ses blagues sont vaseuses et trop grivoises et son ivresse est trop poussée, lui retirant ainsi toute la complexité, l’intérêt et la subtilité de son personnage. Et pour agrémenter toute ce beau monde, arrivent des personnages dont on se demande encore pourquoi ils sont là, jusqu’à réaliser qu’ils ne sont que la pâle copie ratée de personnages réellement intéressants dans la trilogie, à savoir la sorcière ….. rappelant Calypso et le commodor Britannique à l’image de Bequett. A croire que même le scénariste les a oubliés. A quoi s’ajoute des liens familiaux dont on se passerait volontiers et qui n’apporte que niaiserie et futilité.
Mais le plus étonnant reste ce qui semble faire la gloire de ce PDC, à savoir ses prouesses visuelles et ses acrobaties numériques qui mènent le film droit dans la tombe. Il est indéniable que les effets visuels sont bluffant néanmoins quelque chose de propre et bien exécuté ne justifie en rien sa présence. Ce n’est pas parce que nous le pouvons que nous le devons. Le film se voit ravalé à grands coups de fond vert, de photoshop et de numérique en veux tu en voila, quand ça ne sert à rien, comme pour combler un vide scénaristique (tient donc) et rajouter des futilités qui n’en sont que plus lourdes (requins). Des choix déplorables quand on imagine tout le travail fait en amont sur l’équipage de morts et le physique de Salazar (impactant certes, mais sans saveur à cause de son coté lisse et irréel), mais aussi les maquillages de certains personnages que l’on ne voit que cinq minutes. La beauté des plans larges à laquelle nous a habitué la saga a complètement disparu au profit de paysages numériques si bien que l’on a l’impression de regarder un jeu vidéo de deux longues heures. Mais la palme revient tout de même à la séquence de jeunesse de Jack, qui pour le coup ne semble pas réel du tout derrière son lifting extrême et son visage figé. Enfin, de nombreux décors font atrocement faux, tout comme le bateau chargé de richesses de Barbossa dont le visuel donne un effet bâclé et en rien raccordé au personnage et les fonds marins où résident le trident ont l’air de pauvres structures en plastiques. Rien ne suscite l’émerveillement ou devrais je dire, ne le suscite plus.
Enfin, le film présente néanmoins quelques points positifs : Il est toujours plaisant d’en apprendre plus sur les premiers héros de la saga c’est pourquoi le spectateur sourit de plaisir en découvrant d’où Jack tient son attirail, la scène du vol de la banque est indéniablement bien orchestrée et réalisée (bien que rappelant beaucoup trop la scène de poursuite dans le quatrième opus) et l’introduction visuelle de Salazar est réussie, impactante et crée une atmosphère oppressante autours du personnage (dommage qu’elle n’attise que plus notre déception par la suite). Enfin chacun se réjouit de retrouver Will et Elisabeth le temps d’une minute.
En conclusion, PDC 5 est une déception comme on les déteste, incarné par de nouveaux personnages niais, sans saveurs voir stupides, une atmosphère qui suinte et empeste le numérique à outrance et une succession de mauvais choix qui mènent à se demander si les réalisateurs savent vraiment quoi faire de ce qu’ils ont entre leurs mains. Et malgré un bon rythme, il en devient très triste de voir une telle saga se désagréger perpétuellement et de se surprendre à espérer voir la fin arriver quand on est devant une nouvelle aventure du plus grand pirate jamais représenté à l’écran.

Aurya
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le 3 févr. 2018

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