Le deuxième opus de la saga ouvre de nouvelles aventures pour le joyeux trio improbable de la flibuste. Les ingrédients du succès sont toujours là, mais la forte vague du scénario précédent s’étiole un temps. De beaux trésors parsèment malgré tout le film, et l’ensemble est d’autant plus plaisant qu’il ne se termine pas, promettant un nouvel épisode pour développer l’histoire


Mariage pluvieux, Elisabeth est seule.
Le film s’ouvre encore sur le destin perturbé, marqué du sceau de la piraterie, des deux amants : Lord Beckett dispose d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Turner, ainsi que de Swann. Tous les deux condamnés à mort, ils ne se soumettent pas, et Tuner propose un arrangement à Beckett. Loin de là, Sparrow reçoit la visite de Bill Turner, père de, dégoulinant de tout l’océan qui le submerge, couvert de moules et autres algues et crustacés, qui lui porte la menace de Davy Jones :
« La bête approche ».
Jack Sparrow a peur, manifestement.


Alors vient le problème des enjeux : Turner a besoin de Sparrow, et l’aventure l’emmène sur une île de cannibales incultes où Sparrow et son équipage sont captifs, en passe d’être cuits. Le capitaine pirate, peinturluré, dieu vivant des sauvages malgré lui, s’en tire en formidables acrobaties, tandis que Turner, Gibbs, et les autres, font de même de leur côté. Humour, danger, suspense, si tous les éléments de la franchises sont reconnaissables, le décor coloré et exotique, la retrouvaille avec ces personnages pittoresques appréciable, l’interlude prend le pas malheureusement sur l’intrigue principale.
Enfin, l’évasion est réussie et on y revient.


Encore une fois, l’aspect visuel sert la narration et l’enchantement.
Les maquillages sont magistraux, l’équipage du Hollandais Volant, impressionnant. Davy Jones en tête, face de poulpe aux expressions tentaculaires. La virtuosité et la finesse du maquillage permettent à Bill Nighy de développer toutes les subtilités, personnelles et reconnaissables, de son jeu, qui laisse apparaître l’humain derrière sa bestiale malédiction. Toutes les séquences qu’il porte – celle des grandes orgues notamment – illustrent la dimension tragique du romantisme qui lui vaut sa condition ; de par le rôle certes, mais grâce à l’époustouflant travail de création artistique de chacun également. Encore une fois, la production laisse aux équipes une liberté graphique immense et le résultat est splendide. Jusqu'au Kraken, impressionnant monstre marin, qui parsème le film de ses inquiétantes apparitions.


Gore Verbinski se permet même une incartade sur les terres du western lors d’un semblant d’hommage au maître Sergio Leone, pour un duel à trois sur la plage : le bon Turner, la brute Norrington, et le truand Sparrow. Sur le sable, près d’un cimetière et non loin d’une église. Avec un plan débullé presqu’à la verticale, subjectif de Swann, renversée par l’affrontement des trois hommes de sa vie, la séquence centralise enfin le cœur de la narration.


Pirates Of The Caribbean : Dead Man’s Chest rempile sur une recette éprouvée, et malgré l’interlude, amusant mais décoratif, laisse un goût de reviens-y : pas le meilleur rhum des îles mais s’il traîne près de la télé, pourquoi pas. D’autant que le coffre refermé, un troisième verre promet de nous emmener Jusqu’Au Bout Du Monde.
Yo ho ho !


Matthieu Marsan-Bacheré

Créée

le 2 mars 2015

Critique lue 210 fois

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