Depuis Brokeback Mountain, on sait que deux humains peuvent se coller des beignes pour se dire qu'ils s'aiment. C'était un scoop pour moi, mais je ne sors que rarement du village des Schtroumfs, donc tout s'explique. Me revoilà dans un univers presque exclusivement masculin, peuplé de gens plutôt sympas, je le concède, mais qui expriment leurs sentiments et leur libido d'une façon qui m'est puissamment dépaysante. Autant dire que ce film m'a fait l'effet d'un safari sur Mars, voire d'une exploration de mon cuir chevelu au microscope électronique. Mais bon, j'ai tenu le coup sans trop lire Télérama en même temps (le même hebdomadaire qui avait attiré mon attention sur cet ovni). Donc, en résumé, cela ne tient qu'à moi, mais je suis un peu restée sur le seuil de cette histoire, au demeurant émouvante et plutôt bien jouée, surtout par Vincent Lacoste, naturellement tête-à-claque et attendrissant à la fois. Autant dire qu'il fait merveille ici, dans ce jeu de chat et de souris entre deux prétentieux pas toujours tendres avec leur entourage, mais dont on devine la panique existentielle. Il faut aimer les bains de panique existentielle et d'expédients qui lui sont liés pour vraiment apprécier cette plongée dans les années 90 et les milieux dévastés par le sida. Mais c'est édifiant et ça met cartes sur table, donc ça valait la peine. Une fois, pas deux.