Ce qui est formidable, dans le cinéma de Robert Rodriguez, c'est cette liberté d'expression, étalée sur toute sa filmographie, palpable dans chacuns de ses films. Avec un second degré lorgant incessement du coté "je ravis les fans et mes copains", il fait littéralement ce qu'il veut. Réunir la noirceur du polar, la narration de la Bande-Dessinée et faire un mélange baroque de ces deux esthétiques ? Rodriguez remporte le pari haut la main avec Sin City. Faire un film d'action sauvage et bêta, puis coller au milieu de tout ça une farce politique outrageusement explicite ? Il l'a fait, et ça a donné l'assez sidérant Machete. Planète Terreur est sans doute le film le plus fascinant esthétiquement de toute la filmographie de Rodriguez. Outre le coté "film de zombies gore et cathartique", le réalisateur Mexicain s'est intéressé à la matière même du cinéma. Parti sur ces bases, Rodriguez démembre son film, disloque sa narration, découd son montage (il manque pas mal de parties au film), et fait fondre la pellicule, au sens propre du terme. A l'image finalement des zombies qu'il met en scène, dont le visage se désagrège au fur et à mesure que des pustules explosent sur leur peau, et dont les membres se détachent du corps au moindre choc. Comparaison intelligente que celle de la figure du zombie et du cinéma, vu alors comme un corps qui prend toute sa beauté, sa cruauté et sa puissance lorsqu'il a perdu tout contrôle, et lâché les commandes. Et le film d'atteindre, parfois, cette beauté un peu vaine propre aux séries B de Rodriguez, celle d'une hyperbole cinéphile poussée jusqu'à l'abstraction.