Le concept de Play est on ne peut plus simple : nous suivons la vie de Max (incarné par Max Boublil) à travers sa caméra. Moments qu’il a immortalisé pendant vingt ans de sa vie, de la découverte de son caméscope, jusqu’aux ultimes moments avant le montage de son fameux film.


L’entièreté du projet réside dans son concept et la réalisation de Anthony Marciano n’avait pas le droit à l’erreur, au risque de voir le métrage perdre tout son intérêt. Heureusement, ça fonctionne complètement ! A aucun moment le film ne se trahit, mieux encore, on croit vraiment regarder la vie de l’acteur principal tant la mise en scène est réussie. On pourrait penser comme ça sans trop réfléchir qu’un film found-footage c’est facile, simple à faire voire fainéant ; alors qu’en vérité le genre engendre un grand nombre de plans séquences obligeant les acteurs et le metteur en scène à une rigueur plus importante que pour une mise en scène plus classique.
Sans trop vous en dire, une intrigue du film trouve son dénouement après le fameux montage de Max, du coup le concept devient plus bancal puisque le spectateur ne visionne plus vraiment le film en question, mais se retrouve plutôt “dans” la caméra du personnage, bref, c’est bizarre mais pas bien grave.


Comme une bonne partie de l’œuvre prend place à travers un caméscope, logiquement le format du film est un bon vieux 4/3, et petit détail amusant, les bords de l’image sont volontairement détériorés pour plus de réalisme. Le format 16/9 arrive quelques instants plus tard, à l’arrivée des premières caméras numériques. Seule erreur évitable dans ce choix de cadrage, le format vertical incontournable aujourd’hui, intervient beaucoup trop tôt (au début des années 2010 dans le film) pour sembler crédible. C’est d’ailleurs une des premières fois que je découvre ce format au cinéma, et je peux vous assurer que les ratios horizontaux ont encore de beaux jours devant eux.
Tant qu’on est dans les petites erreurs de temporalité, le métrage laisse traîner en arrière-plan des voitures trop récentes pour l’année de l’action, ou la tenue des employés de Burger King n’est pas appropriée au début des années 2010 (déjà est-ce qu’il y avait des Burger King au début des années 2010 ?). Évidemment, tout cela se révèle n’être que du détail qui ne sort jamais du film, globalement l’immersion des scènes est plutôt bluffante (comme la finale France-Brésil de 98).


Le casting est aussi pour beaucoup dans cette réussite, j’ai rarement vu des jeunes acteurs aussi ressemblants à leurs homologues adultes ; là encore je me suis quelques fois, et naïvement, demandé si le film n’était pas un vrai film sur la vie de Max Boublil tant les versions jeunes des acteurs sont leurs sosies physiques et vocaux. Leur jeu est tout à fait convaincant et empli de naturel ; paradoxalement ce sont peut-être les acteurs adultes qui sont les “moins” convaincants.


J’ai apprécié voir une évolution dans les scènes du métrage, la première partie est principalement une enchainement de tests de réalisation, de blagues filmées, de délires d’enfants, alors qu’au fur et à mesure le film devient une sorte de vlog dont la narration a plus de pertinence et raconte d’avantage ; ça n’est qu’à la seconde partie du film que l’histoire démarre véritablement, offrant de vraies scènes comiques, des scènes vraiment émouvantes, d’autres déchirantes, comme seule la vie sait nous en offrir. Car finalement, le scénario tient se promesse, ce film raconte la vraie vie de ces quatre personnages à la sympathie contagieuse.


De part sa forme, son contexte, ou son histoire, Play est un film générationnel qui parlera et émouvra les enfants nés à la fin des années 80 et ayant grandi dans les années 90 en retraçant les principaux événements. Malheureusement pour moi, étant né en 1992 je ne suis pas la cible principale ; je ne me suis pas senti exclu pour autant, j’avais tous les codes, et l’ambiance et l’époque ne sert finalement que de contexte et pas d’enjeux à l’histoire. Ce film est un hommage aux années 90, à ses enfants nostalgiques de cette époque particulière et à cette génération particulière qui tarde à devenir adulte.
Grâce à ses personnages, son ambiance, ses valeurs ou ses messages, nul doute qu’à une autre période de ma vie, ce film m’aurait bouleversé et intégré mes films cultes.


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Timiole
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le 29 mars 2020

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Timiole

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