Une approche tout à fait différente et singulière du cinéma. À la fois contemplative, théâtrale et extrêmement sensible. Jacques Tati porte un regard critique sur le monde sans jamais porter de jugement ou sombrer dans l’aigreur. Tout est là : l’individualisme forcené, l’uniformité, le consumérisme, la vitesse, les apparences... Il y a du Guy Debord dans cette vision du monde. Mais derrière ses craintes face à la modernisation galopante de la société, on ressent de l’optimisme et de la tendresse vis à vis des travers de ses contemporains.
Chaque plan est filmé avec une précision chirurgicale, le film alternant entre métaphores, effets visuels innovants et scènes de foule fourmillant de détails. Déconcertant de part sa narration quasi-inexistante et ses dialogues tout en abstraction, Playtime parvient à capter notre attention à travers la précision de son cadrage, le gigantisme de ses décors et le burlesque de ses situations.
Jacques Tati nous offre là un pamphlet acéré sur les dérives de la modernité et une promenade poétique à travers les yeux d’un doux rêveur perdu dans la grande ville. Une manière de nous interroger sur cet environnement bétonné et tout-technologique qui ressemble finalement à un grand cirque, à l’image de cette scène de rond-point rythmée par une musique de carrousel.