Delon au large

Ayant déjà vu à maintes reprises et apprécié Le Talentueux Mr. Ripley d'Anthony Minghella, c'était l'occasion de découvrir cette première adaptation de René Clément en cette soirée de vaches maigres...

Sauf que j'ai vraiment eu beaucoup de mal à rentrer dans le film, à cause de trente premières minutes qui m'auront particulièrement saoulé... Alain Delon et Maurice Ronet se la racontent grave, ils n'arrêtent pas de brailler, ça sonne faux, alors avec une musique bruyante, à leur image, ils ont failli me rendre dingue ces deux blancs-becs en mode chemise ouverte et chaîne en or qui brille...

Mais heureusement, il y a la mer. Le calme azur d'abord, et la tempête après, mais ici rien n'est faux, tout est tragique, tout est beau. La photographie notamment. Et le tragique face-à-face entre les deux acteurs - avec Marie Laforêt perdue au milieu - peut enfin lancer Plein Soleil sur de bons sillages.

Par rapport à son successeur, j'ai apprécié que l'histoire soit aussi différemment contée, et qu'au final très peu de scènes se ressemblent (bon, ça plaide surtout en faveur du remake, mais ça veut aussi dire que l'on peut voir l'un après l'autre sans problème). Mais surtout, Tom Ripley a une personnalité très différente, ici plus mystérieuse, mais surtout plus malsaine. Un véritable arriviste qui pour le coup correspond mieux à son interprète. L'Alain. Le Delon. On a également plus de détails quant aux méthodes que celui-ci emploie pour usurper l'identité de Greenleaf.

Alors, si j'ai une petite préférence pour le remake en raison d'un casting plus convaincant et d'une ambiguïté qui n'existe pas ici, Plein Soleil vaut vraiment le détour, avec ses très belles séquences en voilier notamment, comme son dénouement très différent, mais tout aussi efficace...