Pleure pas la bouche pleine par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 14.7.2013

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La cloche a sonné, l'année scolaire est terminée pour Annie, seize ans, fille du menuisier d'un petit village poitevin. La jeune fille a un petit copain d'enfance, Frédéric, qu'elle fréquente en tout bien tout honneur. Celui-ci, bien vu de la famille d'Annie, passionné de vélo, écume les critériums cyclistes de la région.

Toutefois cette amourette de jeunesse va être perturbée lorsque Frédéric recevra sa lettre afin d'effectuer son service militaire. Sa petite dulcinée aimerait à cette occasion s'offrir à son ami, malheureusement le lendemain une course cycliste est inscrite au programme de Frédéric et celui-ci tient, bien entendu, à être en possession de tous ses moyens physiques.
C'est alors qu'un jeune freluquet, Alexandre, parisien hâbleur et prétentieux, va remarquer la jeune fille et tenter de l'éblouir avec sa belle voiture décapotable. Annie, s'ennuyant quelque peu, les distractions étant rares à part la visite de la famille, va malgré la méfiance de ses parents, répondre aux avances de celui-ci et profiter de cette occasion pour connaître sa première véritable expérience sexuelle...

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Après "Les "Zozos", film sympathique à souhait traitant avec tact et humour des premiers émois de l'adolescence, Pascal Thomas, pour son second film, reprend ce thème avec une maîtrise, un naturel et une drôlerie hors du commun.
Nous sommes au cœur du Poitou, loin du bruit, de la foule et de l'anonymat des grandes villes. Ici on est "fiancé" depuis la petite école, on est amoureux mais on n'ose pas trop le faire savoir car l'on se méfie des regards indiscrets et du qu'en-dira-t'on. Et pourtant, le printemps étant là, une jeune fille de seize ans aimerait enfin goûter aux "attraits" de l'amour.
Le petit copain trouvant une bonne excuse pour reculer l'échéance, c'est alors le parisien en vadrouille qui, flairant le bon coup qui va tenter, avec une bonne dose d'artifices, de faire chavirer le cœur de sa proie.

Toutefois dans le village on se méfie des coups de klaxons tapageurs, des costumes à la mode et de la parlotte de l'intrus. C'est vrai que ce parisien qui va tout de même permettre à Annie de consommer sa première relation se montre maladroit et même ridicule. On ne peut véritablement être amoureuse de ce type de "dragueur de super-marché", néanmoins l'occasion est bonne à saisir pour la jeune fille qui se livre à cet Alexandre plus emprunté qu'elle et se croyant irrésistible malgré les fous-rire de sa partenaire.

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La vie toute simple dans ce village niché au beau milieu d'une campagne aussi attachante par sa beauté que par ses habitants nous fait passer un moment de plaisir rare, celui de l'observation de ces personnages pittoresques, plein de bon sens et de joie de vivre, heureux de profiter des plaisirs simples de l'existence.
Dans ce film plein de tendresse, certains passages sont assez irrésistibles et tellement "vrais"! Il me vient notamment à l'esprit la scène au cours de laquelle Annie va tout tenter pour faire sa première expérience avec un Alexandre jouant les matadors.

Pascal Thomas nous offre un film rempli de petits détails tous aussi réalistes et croustillants les uns que les autres. On parlait auparavant du "cinéma vérité"et c'est bien sûr le cas de ce film dans lequel les personnages dans leur interprétation sont aussi vrais que nature. Il y a bien sûrAnnie Colé qui, dans ce rôle d'adolescente se lassant de la tranquillité ambiante du village et impatiente d'être une femme, est surprenante de naturel. Cette justesse de jeu se retrouve également chez Frédéric Duru, autant passionné de vélo, sinon plus, que de sa petite amie et Bernard Ménez

dragueur maladroit et un peu maladroit mais ô combien génial dans ce rôle. Et puis, bien sûr, comment ne pas citerdeux de nos très grands disparus: Jean Carmet en père bougon mais tout de même compréhensif et Daniel Ceccaldi, l'oncle très et même un peu trop gentil, surtout vis à vis de sa nièce... Ce savant dosage tel que Pascal Thomas s'est le faire nous donne un véritable petit chef-d'œuvre d'humour tendre et nostalgique.

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Si l'occasion se présente, n'hésitez surtout pas à plonger dans ce bain de jouvence. La fraîcheur, la tendresse et l'humour de ce film en font un film incontournable du réalisateur. Celui-ci laissait entrevoir qu'il serait à l'avenir l'un des fleurons du cinéma français.

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Box-office France: 1.529.868 entrées.

Ma note: _8/10

Grard-Rocher
8
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le 17 nov. 2023

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