Bien avant d'être le mantra d'un certain surfeur blond du dimanche aimant kasssseeer tout ce qui bouge, Point Break fut un des succès de l'été 1991, rapportant plus de 80 millions de dollars dans le monde pour un budget de moins de 25 millions, propulsant au passage Keanu Reeves au rang de star et offrant son dernier grand rôle à un Patrick Swayze qui ne reviendrait jamais de sa traversée du désert.


Initialement prévu pour Ridley Scott, Point Break arrivera finalement entre les mains de la cinéaste Kathryn Bigelow, épouse (plus pour très longtemps) d'un des producteurs de la chose, un petit gars pas trop connu du nom de James Cameron. L'occasion pour la dame de prouver qu'elle peut accoucher d'un hit après l'accueil confidentiel de ses précédents essais (pourtant excellents), et surtout, de démontrer qu'il ne faut pas forcément être un gros barbu viril pour offrir au public un des meilleurs actioners des années 90.


Tournant autour d'un univers rarement retranscrit avec sérieux au cinéma à l'époque (si l'on excepte quelques documentaires cultes et le désenchanté Big Wednesday de John Millius), tout en l'inscrivant dans une structure classique de polar, Point Break fait l'effet d'un véritable vent de fraîcheur dans un genre codifié à l'extrême. Certes classique dans son déroulement, il associe brillamment une esthétique solaire à une trame plus sombre, repousse les limites d'un spectaculaire crédible et à hauteur d'homme tout en privilégiant la psyché torturée de ses personnages.


Loin de son image de film d'action bourrin à la philosophie de comptoir, Point Break est au contraire une réflexion loin d'être inintéressante sur la dépendance à l'adrénaline, sur ce besoin viscéral de pousser ses propres limites au maximum de leurs possibilités. Un sujet que la réalisatrice reprendra avec brio dans ses superbes Strange Days et The Hurt Locker, et qui trouve ici une parfaite illustration dans la relation à la fois fusionnelle et chaotique entre deux faces d'une même pièce, entre deux têtes brûlées que la loi oppose mais qui partagent cette même attirance pour le danger et l'autodestruction.


Parfaitement orchestré par Kathryn Bigelow dont la mise en scène s'avère à la fois fluide, percutante et spectaculaire, offrant son lot de séquences cultes (la poursuite à pieds, le saut en parachute...) et bénéficiant d'un casting impeccable, Point Break mérite clairement son statut de classique du samedi soir, un polar haletant, étonnamment romantique et finalement bien loin d'être con.

Gand-Alf
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le 9 oct. 2016

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Gand-Alf

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