Poulet au vinaigre

Les années 80 voient, aussi bien aux USA que chez nous, une vague de films visant à désacraliser des institutions telles que l'Armée, la Police, l'Éducation Nationale et j'en passe.
Vient "Police Academy" de Hugh Wilson et son bataillon de loosers, de souffre-douleurs et autres profils étant dès le départ voué à être en marge d'une société faisant la course à la réussite professionnelle et sociale.
Une bègue, un obèse, un nerd, un "voyou". Autant de personnalités condamnés dès le départ à la mise au ban et dont le refuge sera une académie de Police afin de pouvoir leur permettre une intégration certaine dans la société Américaine des 80's.
S'agit-il d'une célébration du conformisme ? C'est difficile à croire, d'autant plus que nos "underdogs" même si fréquemment ridiculisés semblent bel et bien être le versant de la société vers lequel le réalisateur dirige l'empathie et la sympathie du spectateur.
Mais alors la question restante est celle-ci: le réalisateur (et les scénaristes) célèbrent-t-ils l'anticonformisme et la marginalité (une démarche que même les seconds et troisièmes opus semblent confirmer en intégrant un personnage de voyou "Z", aperçu dans le 2è opus et qui deviendra lui-même policier dans le 3è) en les plaçant dans un environnement auquel il est impensable de les intégrer, afin de les voir secouer et changer les codes et normes de l'époque avec force jubilation et recours à la catharsis, ou s'agit-il de critiquer l'institution (et donc quelque part, le système avec un grand S) via les individus qui la composent et de proclamer que la perte de valeures morales des années 80 est un phénomène dont les individus partagent tous la responsabilité puisque c'est bien eux qui composent le Système, établissent ses règles, les font appliquer et les suivent.

La faiblesse du film réside principalement dans le fait qu'il ne répondra jamais totalement à cette question. Il s'agit moins d'émettre des propositions de réflexion très légères et succinctes que de jeter au spectateur de la grandguignolade et des blagues en dessous de la ceinture. Blagues qui se suivent assez facilement quand on y pense, mais peuvent paraître bien fades mise en face de la satire policière à la française qu'est le film de Claude Zidi: "Les Ripoux".
Il ne nous reste plus qu'à sourire devant une bande de gogoles foutant le bordel dans la ville en uniformes de policier.

Une critique à retrouver dans la rubrique "Retour vers le passé" ici.