On ne va pas y aller par quatre chemins, ce film est une trahison. Avec Polisse, Maiwen avait la prétention de parler, caméra au poing, de l'action de la Brigade de la Protection des Mineurs. Une sorte d'immersion version cinéma vérité sur une réalité crue dans une promesse esthétique entre Raymond Depardon et Ken Loach.


Sauf qu'accumulant les informations, le film tourne à la démonstration. D'un côté, Maiwenn étale toutes les situations possibles que rencontre la brigade dans un catalogue aussi survolé que bâclé, quand ce n'est pas totalement irréaliste (les jeunes roms qui se mettent à danser dans le bus). De l'autre, elle s'attarde sur des micros histoires parallèles qui touchent chaque membre de la brigade (le pompon revenant à la cinéaste elle-même qui se donne le personnage d'une photographe amoureuse de Joey Starr). De ce côté-là, Polisse aurait pu s'appeler à Le bal des acteurs à la BPM et les scènes misent bout à bout deviennent autant de faire-valoirs pour des acteurs en quête d'authenticité. Il n'y a rien de pire qu'un réalisme qui sonne faux ; ce qui est le cas ici. Outre que l'on se fout rapidement de ces petites histoires, le film ne met plus en scène ceux qu'il prétend défendre : les enfants, largement absents d'un film nombriliste. Sur un sujet pareil, cela devient limite indécent, c'est en tout cas, inacceptable face à la gravité du propos. Même si le film de Maiwenn est pavé de bonnes intentions, son film est aussi puéril et immature que l'orthographe de son titre.

denizor
2
Écrit par

Créée

le 30 juin 2019

Critique lue 217 fois

2 j'aime

denizor

Écrit par

Critique lue 217 fois

2

D'autres avis sur Polisse

Polisse
Chaiev
3

Le bal des pompiers

Maïwenn a mis la chanson de l'Ile aux Enfants sur son générique de début ("voici venu le temps des rires et des chants", vue la suite, je crois que ça signifie que le monde de l'enfance n'est pas si...

le 22 oct. 2011

136 j'aime

52

Polisse
reno
5

Critique de Polisse par reno

Dès l'ouverture de Polisse nous voilà prévenus : on jure de nous dire la vérité, celle naturellement qui sort de la bouche des enfants. Et c'est là la grande confusion qu'instaure le film. Ce que...

Par

le 31 oct. 2011

117 j'aime

12

Polisse
Gand-Alf
8

Délivrez-nous du mal.

Laissant de côté l'univers personnel et un peu trop douillet de ses précédents essais, la comédienne / cinéaste Maïwenn prend un peu plus de risques en s'attaquant à un sujet extrêmement délicat,...

le 20 janv. 2014

72 j'aime

1

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime