On ne va pas y aller par quatre chemins, ce film est une trahison. Avec Polisse, Maiwen avait la prétention de parler, caméra au poing, de l'action de la Brigade de la Protection des Mineurs. Une sorte d'immersion version cinéma vérité sur une réalité crue dans une promesse esthétique entre Raymond Depardon et Ken Loach.
Sauf qu'accumulant les informations, le film tourne à la démonstration. D'un côté, Maiwenn étale toutes les situations possibles que rencontre la brigade dans un catalogue aussi survolé que bâclé, quand ce n'est pas totalement irréaliste (les jeunes roms qui se mettent à danser dans le bus). De l'autre, elle s'attarde sur des micros histoires parallèles qui touchent chaque membre de la brigade (le pompon revenant à la cinéaste elle-même qui se donne le personnage d'une photographe amoureuse de Joey Starr). De ce côté-là, Polisse aurait pu s'appeler à Le bal des acteurs à la BPM et les scènes misent bout à bout deviennent autant de faire-valoirs pour des acteurs en quête d'authenticité. Il n'y a rien de pire qu'un réalisme qui sonne faux ; ce qui est le cas ici. Outre que l'on se fout rapidement de ces petites histoires, le film ne met plus en scène ceux qu'il prétend défendre : les enfants, largement absents d'un film nombriliste. Sur un sujet pareil, cela devient limite indécent, c'est en tout cas, inacceptable face à la gravité du propos. Même si le film de Maiwenn est pavé de bonnes intentions, son film est aussi puéril et immature que l'orthographe de son titre.