“Poltergeist” ou l’alliance maîtrisée entre le film d'entertainment et le film d’épouvante ! Steven Spielberg à la production et Tobe Hooper à la réalisation, voici le duo à l’origine de cette histoire de fantômes, un duo par forcément en accord, résultat, un long-métrage accouché dans la douleur. Mais force est de constater que cette histoire d'esprits frappeurs, “Poltergeist” en allemand est plutôt bien troussée. Devant la caméra de Tobe Hooper, l’horreur va s'infiltrer par le biais de la lucarne télévisuelle, la nouvelle bible du monde moderne. Nous sommes dans l’Amérique reaganienne du début des années 80, et la télévision crache sans discontinuer, ses images jusqu’aux grésillements nocturnes de fin de programmes précédés par l’immuable hymne national américain. Un patriotisme exacerbé s’insinuant jusque dans les salons feutrés et les chambres à coucher douillettes de l’”American Way of Life”. Une certaine idée de l’Amérique, à travers une population ayant accès à la propriété dans d’immenses banlieues dortoirs, véritable terreau fertile d’un cinéma familial (“E.T.”, “Gremlins”, “Explorers”, “Les Goonies”). Dans “Poltergeist”, l’Eldorado immobilier s’appelle “Cuesta Verde”, un ensemble de maisons homogènes, collées les unes aux autres, sorties de terre grâce à des promoteurs peu scrupuleux n’ayant cure des vestiges du passé, comme le montrera le récit. C’est de cette banlieue idyllique et artificielle, au sein des murs de l’une de ces impersonnelles villas que le mal viendra frapper la famille Freeling, quand la petite Carol-Anne interpellée par des voix sorties du téléviseur, disparaîtra. Le spectateur médusé par ce cas d’abduction va alors entrer de plain-pied dans une histoire de maison hantée. Un récit à la fois cartoonesque (on se croirait dans “Twilight Zone”) et horrifique, où les Poltergeist agitent les murs, déplacent les chaises, font voler une pléthore d’objets dans une chambre d’enfant, collent les habitants au plafond, à grand renfort d’effets spéciaux et visuels séduisants. Et puis soudain, avec l’aide précieuse de Tangina, une grande médium, la petite Carol-Anne est enfin rendue à sa mère dans ce qui semble être un “happy end”, un de plus, dans ce cinéma Hollywoodien aussi attachant (à l’époque du moins) que manichéen. Il n’en ait rien, car un retournement final viendra éprouver les Freeling et le spectateur, un ultime tour de force scénaristique qui fera de “Poltergeist”, un petit classique.