You only moved the headstones !

Ah Poltergeist ! Un de mes premiers chocs horrifiques, un des films qui m'a amené à aimer le cinéma d'horreur plus que tous les autres genres. Mais ça date du collège ça, à l'époque où je découvrais ce genre la jaquette m'avait interpellé, elle était si belle, si troublante, si mystérieuse, de plus l'interdiction aux moins de 16 ans m'avait définitivement convaincu à lancer le film, et c'est par une belle soirée d'été que je pris une grosse claque, digne de celle qu'Halloween m'avait infligé quelques temps auparavant. J'ai dû par la suite le regarder de nouveau quelques fois, mais la dernière remontant à il y a au moins cinq ans. Puis avec la sortie imminente du remake, il m'est venu une envie, celle de me replonger dans ce classique, et d'en découvrir les suites avant de pouvoir allégrement déféquer sur un viol du matériau d'origine. Malheureusement, il arrive que parfois, se remettre avec une ancienne conquête avec laquelle on partage de bons souvenirs se révèle être une belle erreur, Poltergeist entre à mon grand désarrois dans cette catégorie là.

Pour commencer, je trouve la scène d'introduction toujours efficace, elle tutoie la perfection, c'est peut-être le wannabee américain au fond de moi qui parle, mais l'hymne des USA pour débuter un film moi ça provoque un élan de patriotisme et surtout ça me place au même niveau que les personnages d'entrée, avachi dans mon fauteuil, à moitié endormi, l'intérêt montant avec un premier événement suspect d'entrée de jeu, suspect et non paranormal car la gamine qui entend la télé lui parler pourrait très bien être totalement tarée à ce niveau là du film, on n'en sais rien ! En somme un début parfait pour film d'épouvante, ça met dans l'ambiance tout en ne dévoilant rien, et je pense qu'il s'agit à mes yeux de la meilleure scène du film.

Puis le film change totalement de ton, durant une dizaine de minutes, on passe à E.T., avec une représentation très vive de la banlieue américaine, des situations qui n'ont rien à faire dans un film d'horreur, comme la comédie à base de télécommande, c'est clairement à ce moment là du film que l'influence de Spielberg se ressent le plus, je ne vais pas vous faire un cours d'histoire, on sait tous que Tobe Hooper n'était qu'une marionnette. C'est mon plus gros problème avec le film, c'est que j'ai l'impression d'avoir affaire à un hybride entre un film « family friendly » et un film d'épouvante qui ne s'assume pas à fond, ce qui détruit absolument toute tension dramatique, je pense notamment à cette scène où la mère se dispute dans le feu de l'action avec la spécialiste afin de savoir qui passera dans l'autre dimension pour ramener sa fille. Je dirais même que le personnage de la mère dans son ensemble est au mieux inutile, au pire totalement anti-tension, c'est sans doute une des pires mères que j'ai pu voir dans un film. Sa fille mineure se fait draguer salement par des ouvriers, elle préfère en rire, mais la seconde d'après le chien essaie d'attraper des restes de nourritures sur la tables et là elle s'énerve, ou l'art de choisir ses priorités. Puis dès le premier phénomène paranormal dans la cuisine, alors qu'une personne normale aurait dit à sa famille de passer la nuit dans un hôtel, elle préfère s'amuser à envoyer sa fille d'un bout à l'autre de la pièce. C'est typiquement le genre de personnage qui tue la crédibilité de bon nombre de films d'horreur, ceux qui face à un événement totalement paranormal, se marre ou bien s'en tape complètement, c'est le genre de choses bénignes en apparence, mais qui me sortent totalement du film.

Au niveau du casting il y a du bon comme du moins bon, je vais faire comme tout le monde en mentionnant les deux actrices qui valent le coup, Heather O'Rourke (RIP), qui joue la jeune Carol-Anne, j'avais en mémoire une interprétation excellente et surtout effrayante de sa part, au final elle fait beaucoup mieux que beaucoup d'enfants acteurs mais elle est trop peu présente pour pouvoir vraiment voler le show, mais surtout elle n'est pas aussi flippante que dans mes souvenirs. L'autre actrice à mentionner est Zelda Rubinstein, 1m30 seulement et pourtant une aura incroyable, une présence quasiment mystique, ce qui tombe bien car c'est son personnage qui fait le lien en quelques sortes entre les deux dimensions.

Sinon j'ai remarqué que j'avais le même avis que sur cette critique de real_folk_blues que je vous invite à lire et qui évoque exactement ce que je ressens par rapport au film.

Donc pour éviter de faire du plagiat je vais essayer de terminer assez vite, le film est bien filmé, quelques séquences sont toujours aussi excellentes aujourd'hui (les squelettes dans la piscines, le clown), d'autres beaucoup moins (l'arrachage de prothèse), la surenchère d'effets spéciaux nuit énormément au film et à l'immersion, surtout que ceux-ci ont énormément vieilli. En gros je reproche surtout au film le fait d'avoir le cul entre deux chaises, la patte Spielberg prenant un peu trop le pas sur celle de Tobe Hooper. Puis certaines scènes sont hilarantes sans le vouloir, peut-être la fatigue mais par exemple quand le chien se barre en taxi j'étais plié en deux, c'est con, mais c'est moi, faut faire avec !

Aujourd'hui je garde malgré tout de l'affection pour ce film qui est au même titre que Halloween ou encore Scream l'un des fondements de ma culture horrifique, un des films qui m'a rendu fou de ce genre si particulier. Cependant je ne peux ignorer ses nombreux défauts qui font beaucoup de tort au film. Quant au remake qui sort prochainement, je prédis un enchaînement vomitif de jump scare à toutes les sauces donc je ne me fais réellement aucun espoir, alors qu'il aurait pu se servir du nom du premier pour le remettre aux goûts du jour et pourquoi pas créer un nouveau standard.