Don’t you know, Pompei (air connu)

« Pompei » est une grosse bouse intergalactique qui ne mériterait même pas de finir en direct to DVD, ni même dans les bacs à 1€. #etpaf


« Titanic » racontait l’histoire d’une jeune riche qui s’éprend d’un jeune pauvre. Tout les sépare (surtout les grilles de la seconde classe), mais ils font tout pour rester ensemble quoi qu’ils leur en coûte. Manque de bol, l’histoire se déroule sur le Titanic, le fameux. Autant dire que leur histoire sentait le sapin à 12 lieux.
La tragédie du Titanic est racontée par la jeune riche, rare rescapée du naufrage. De par sa condition, elle aurait tout à fait pu discuter avec l’architecte et aurait pu entendre des bribes de conversations "techniques". C’est crédible ET ça sert l’histoire. Ce qu’elle sait, ce dont elle a été témoin explique et enseigne au public pourquoi les classes médiocres ont sombré, pourquoi il n’y avait pas assez de canots. Le film « Titanic » de James Cameron sert un propos historique grâce à une romance brillamment scénarisée, qui permet d’introduire tout un tas de détails qui ont réellement eu lieu.


Or, dans « Pompei », c’est une greluche et un gladiateur qui servent de repères au récit des derniers moments d’une grande ville vouée à disparaître en quelques heures. Pourtant, c’est pas comme si on n’avait pas retrouvé le récit de vrais gens qui ont assisté à l’éruption du Vésuve à cette époque-là ! Pourquoi ne voit-on pas Pline Le Jeune ? A la limite, on aurait même pu le placer comme personnage masculin. Si vraiment l’histoire d’amour était si importante, on aurait même pu lui prêter quelques intentions romanesques à l’intention d’une voisine. Si vraiment c’était absolument indispensable au scénariste, pourquoi pas…
D’autant que, ce qui est gênant dans le film, c’est que Cassia (Emily Browning) et Milo (Kit Harington) viennent d’arriver à Pompei. Donc à aucun moment on a le point de vue d’un autochtone sur ce qui se passe. Il y a bien un mec qui bosse dans le Colisée qui prend ses jambes à son cou avant tout le monde, voyant que l’édifice va pas tarder à se casser la gueule. Mais ça aurait été intéressant de montrer le point de vue des locaux, histoire qu’on sache si les gens avaient ne serait-ce qu’un soupçon de ce qui s’est produit ou si ça a été une réelle surprise.


Il y a, c’est vrai, une scène où un mec, parti à cheval, disparaît. Comment c’est traduit dans le film : le mec part, on voit que le cheval prend peur quand le sol commence à trembler. Le mec se rend compte de rien, essaie de calmer la bête. Le canasson se casse fissa, laissant son boulet d’humain derrière lui, en proie à un effondrement de terrain. Le cheval revient à la maison. Les proches du disparu font juste « rhô, machin, mais t’es où ? » et voilà. On n’en parle pas d’avantage. Y’a Machin qui a disparu, y’a eu un effondrement de terrain, surement à proximité parce que bon, moi j’y suis allée au Vésuve, et y’a pas de boîtes de nuit dans les hauteurs de la montagne mais tout le monde s’en branle.
Alors ouais, le scénariste a évoqué dans cette seule scène que les animaux se sont chiés dessus. Mais on ne montre pas les oiseaux en fuite, on n’entend pas les chiens hurler, on n’entend pas un mec se dire "tiens, les animaux flippent tous leur mère, c’est curieux". Non. Juste « Canasson n’a pas ramené Machin. Tampix lulz ».


« Pompei » montre un mec capturé qui devient gladiateur malgré lui (tiens, ça me rappelle un truc), dont la famille a été massacrée par Rome (merde, j’ai vraiment une impression de déjà-vu), et qui veut se venger (ah ouais, j’ai déjà vu ce film, c’est avec Russell Crowe !). En plus cheapos, en plus craignos, voici la version de « Gladiator » par un réalisateur bourrin qui n’a rien fait ses 10 dernières années à part nous pondre des « Resident Evil » plus nazes les uns que les autres pour glorifier la plastique de sa femme trop vieille pour enchaîner les pubs L’Oréal.
Choisir l’interprète de Jon Snow comme héros, pourquoi pas (je n’ai pas d’à priori, je ne regarde même pas GoT), mais je n’y vois pas un personnage attachant. Je vois un petit con trop sûr de lui, dont le cœur s’enflamme trop vite et qui a un vocabulaire aussi riche que Matt Damon dans « Team America: World Police ».
Lui choisir comme copine Emily Browning, j’ai envie de dire "oui, mais pareil, pourquoi pas ?", même si j’ai détesté le remake de « A Tale of Two Sisters » (inutile et bâclé) et que j’ai été incapable de regardé « Sucker Punch » en entier (ou seulement en zappant les scènes de combats avec des covers très chiasseuses). Je ne suis pas fermée à l’idée de découvrir une autre facette d’un acteur. Mais en l’occurrence, Emily Browning n’est absolument pas mise en valeur. Son personnage aurait certes pu être encore plus cucul et je salue le fait qu’on nous montre une jeune femme ayant les bolox d’envoyer un sénateur se faire foutre, mais soyons honnête avec nous-même, dans ce film, elle a une gueule de vache-qui-rit.


Pourtant, Emily Browning n’est pas une femme moche à regarder, on peut lui reconnaître une certaine beauté. Je ne comprends donc pas ce qui s’est passé. Est-ce qu’elle porte des prothèses ? L’équipe de post-prod a-t-il abusé d’effets spéciaux ? Sa coiffeuse était-elle fâchée contre elle ? Je ne sais pas.


« Pompei » relate un événement historique, qu’on raconte encore dans les écoles, un moment tragique dans l’Histoire d’une ville, la mort de plusieurs milliers de personnes. Et pourtant, le film ne s’attarde pas sur les morts. D’ailleurs, la fin de nos deux héros est relatée comme si c’était trop kawaï de mourir brûlés vifs par des cendres, de la lave et tout le bordel. Non, vraiment, on se plaint de choper des coups de soleil au Grau-du-Roi alors qu’un peu de lave, c’est rien.


Je peux comprendre qu’on ne veuille pas montrer des trucs trop dégueulasses comme des corps en feu… Pourtant, c’est ce qui s’est passé. D’ailleurs, le film met surtout l’accent sur la lave et les pluies de pierres, mais beaucoup de gens sont morts asphyxiés par le souffre, la poussière et la cendre qu’ils ont respirés.
C’est regrettable, d’autant plus qu’en 1h44, « Pompei » n’a pas réussi à retranscrire la même peur, la même douleur, le désespoir qu’on ressent en voyant « The Fires of Pompeii », un des épisodes de Doctor Who (qui ne dure que 44 minutes). Les larmes de Donna Noble aident surement le spectateur à ressentir de l’empathie pour ces pauvres gens voués à mourir dans de terribles souffrances. Donna étant, comme nous, spectateur impuissant d’un désastre inscrit fixement dans l’Histoire. Pourtant, on suit une famille de locaux dans cet épisode. Et lorsqu’à la fin, on voit tous les membres de la famille regroupés pour mourir ensemble, qu’on les voit pleurer, étouffer, et qu’on se dit qu’on assiste à leurs derniers instants, on est d’avantage touché que par Cassia et Milo, seuls sur leur colline, attendant que le souffle les emporte, se roulant leur première et dernière pelle.
J’ai même envie de dire, on s’en fout.


Mentionnons quand même quelque part que film est l’occasion de retrouver certains acteurs : Carrie-Anne Moss (qui n’a pas trop pris dans la gueule depuis Matrix), Adewale Akinnuoye-Agbaje (Monsieur Eko de Lost) et Kiefer Sutherland. Malheureusement, ils n’arrivent pas à sauver le film. La faute au scénariste et au réalisateur à mon avis.


Pourtant, la chute de Pompei est une histoire qui a su m’intéresser et même me passionner en cours de Latin. Grâce à Monsieur Dugand, qui nous diffusait chaque année un docu-fiction sur le sujet, et n’hésitait pas à combler les vides en nous racontant quelques anecdotes, nous expliquant ce qu’on voyait à l’écran.
Grâce à lui, Pompei n’était pas seulement l’histoire d’un volcan qui rase des villes et qui tue des gens, c’était un gâchis, une leçon mais aussi une catastrophe. Grâce à lui, c’était quelque chose de réel. Poussant le vice jusqu’au bout, en 1999, il nous a emmené sur le site même. On avait pu voir les corps, les villas, les tags de l’époque. On a marché sur les routes, on s’est perdu dans les rues, on a foulé le sol du Vésuve, senti sa chaleur, son odeur. Toutes ces choses qui nous ont remis une claque dans la gueule.


Et c’est là qu’on voit la différence entre James Cameron et Paul W.S. Anderson. Car Titanic, même si ce n’est qu’un film, retranscrit la réalité, la véracité d’un évènement historique par moult moyens alors que Pompei ne figurera dans l’esprit des gens que comme "un péplum de plus".

Miloon
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le 1 juin 2014

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