Pontypool est un film dont le premier mérite est d'aller jusqu'au bout de son concept aussi original que totalement casse gueule. Effectivement le film raconte une nouvelle fois comment une infection transforme des citoyens lambda en des individus violents et dangereux, mais le film de Bruce McDonald a la curieuse idée de jouer d'un hors champs presque constant et pour cause puisque tout les événements sont racontés de l'intérieur d'une station de radio locale, laquelle relaie les événements à travers les interviews de personnes se trouvant à l'extérieur.


Un film d'horreur basé uniquement sur une poignée de personnages et des dialogues, ici particulièrement important, il fallait osé le faire et Bruce McDonald a presque totalement réussi son pari.


Le film commence par une assez brève exposition des trois personnages principaux qui sont d'une part Grant Mazzy, un animateur radio philosophe et grande gueule à la voix rauque de l'émission matinal interprété par le solide Stephen McHattie (A history of violence, Watchmen), puis on trouve aussi Sidney la productrice interprétée par Lisa Houle et la jeune standardiste Laurel interprétée par la jeune Georgina Reilly. Un trio d'acteurs qui fonctionne à merveille et permet paradoxalement de faire passer l'essentiel de l'action sans jamais la montrer.


Car le film de Bruce McDonald parvient à capter l'attention et à créer une véritable tension assez sourde par le son comme lorsque un intervenant à l'extérieur décrit les faits étranges et monstrueux qu'il est en train de vivre. La peur de l'inconnu et l'imagination fonctionnent alors à plein régime et tout comme les personnages ont reste suspendus à la moindre petite information pouvant parvenir sur cette étrange épidémie avec une furieuse envie d'aller voir dehors ce qui se passe. Pontypool se permet même en plein cœur de son récit une scène particulièrement émouvante durant laquelle Grant Mazzy lance une rubrique nécrologique égrainant froidement le nom des personnages disparus depuis le début de l'épidémie et les circonstances de leurs morts, une liste de noms que Bruce McDonald renforce d'images en noir et blanc permettant enfin de mettre un visage sur des victimes jusque là totalement anonyme et c'est peu dire que l'effet de mise en scène fonctionne parfaitement.


Malheureusement Pontypool ne tient pas complètement son concept jusqu'au bout en invitant à la fois l'infection et des personnages secondaires à venir dans l'enceinte de la radio brisant tout à la fois le huis clos et cette idée d'une action totalement hors de l'écran. Si le film conserve son efficacité on est assez vite obligé de se rendre compte que la description des faits était peut être encore bien plus forte que le fait de les voir finalement exposés à l'image. Tout ce qui passait lors des description sonne moins juste dès l'instant que ça se passe devant nos yeux comme lorsque un personnage infecté se met à imiter une bouilloire (??). Mais le film réserve encore quelques scènes vraiment angoissantes et réussis comme lorsque la cabine d'enregistrement radio est assiégée par une horde d’infectés. le film comporte encore son lot de révélations et des idées assez originales comme le mode de contamination et de transmission du virus dont il est préférable de ne rien dire pour ménager (un peu) la surprise mais qui renforce à merveille l'idée originale de la radio comme vecteur d'informations comme de communication. Le film prend même une tournure et une vraie profondeur avec cette idée générale


que les mots deviennent des pensées qui peuvent se transmettre d'esprits en esprits tels des virus jusque à créer des monstrueux mouvement de violence.


Pontypool reste un film à part dans la cohorte des films de zombies et d'infection et rien que pour cela il mérite vraiment un petit coup d'œil. En allant jusqu'au bout du générique de fin on tombe même sur une petite scène vraiment bizarre qui renforce encore le coté ovni du film.

freddyK
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le 7 juin 2020

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