Porco Rosso
7.7
Porco Rosso

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1992)

(possibles spoilers)


Après avoir découvert mon premier Miazaki la semaine dernière, avec l'excellent "La Princesse Mononoké", je me suis lancé avec un certain enthousiasme dans ce film-ci, qui s'est avéré assez sympathique. Peut-être finirais-je par oublier ma légère répugnance pour les mangas, alimentée par des animes hystériques et emphatiques, tournant en boucle dans le salon familial?
C'est à espérer.


Dès le début, on rentre dans le vif du sujet, avec un sauvetage de petites filles posant direct la personnalité de Porco, entre volonté de solitude et héroïsme intéressé. En fait, plus qu'un chasseur de primes, c'est une sorte de superhéros que nous présente Miazaki. Précédé partout par sa réputation, sauvant les innocents des méchants, tout en épargnant ces derniers. Sans oublier que la scène comporte une bonne dose d'humour, principalement porté par des petites filles semblant se soucier de rien, voyant ça comme un spectacle vivant. Bref, une intro qui envoie du pâté.
Le problème, c'est que suite à ça, dans les dix minutes qui suivent, une certaine langueur s'empare du récit, surtout à cause du personnage, peut-être un peu trop romantique, de Gina. En fait, la scène de l'hôtel Adriano casse un peu le rythme obtenu par l'introduction. Je trouve ça dommage, mais d'un côté, c'était nécessaire pour clairement présenter le personnage de Porco, la thématique de la malédiction, et aborder son passé.


Après, c'est cool, le récit reprend du rythme, toujours en légèreté, et avec de l'humour. Les personnages des pirates de l'air sont réussis, entre bouffons et méchants. En revanche, je trouve le personnage de Curtis un peu plus plat, du moins dans le début du film. Après, quand il se transforme en une sorte de dragueur maladif, ça lui va mieux.
Et puis, on a cette scène de souvenirs de guerre de Porco, d'une grâce empreinte de gravité, aérienne et engagée. Il y a quelque chose de délicat qui se dégage de tout ce film et en particulier dans cette scène.


Cependant, selon moi, le film souffre peut-être de la trop grande importance qu'il donne au passé de Porco. Nous faisant bien ressentir que les aventures en tout genre sont le quotidien du pilote, le récit prend le risque de mettre en avant une certaine banalité dans son intrigue. En effet, à la fin du film, je ressentis clairement l'impression que cette histoire n'était qu'un des passages de la vie de Porco, et que finalement, la seule chose qui la rende exceptionnelle est le dénouement final, qui rend son humanité à notre héros.
Au fond, ce que nous raconte Miazaki, c'est comment un aviateur transformé en porc, qui vivait quotidiennement des aventures incroyables, est redevenu un humain, au cours de l'une d'elle. Il paraît que l'histoire était destinée au départ à n'être qu'un moyen-métrage, ce qui explique peut-être ce manque d'ampleur dans le récit.
Je pense que Miazaki aurait pu donner à son histoire un poil plus de souffle.


Bref, je le préfère un peu plus épique, mon Miazaki (mais l'est quand même très bien, l'a bon goût).

LeRossignol
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Notes n'appartenant pas à l'ensemble des entiers naturels

Créée

le 1 nov. 2013

Critique lue 738 fois

5 j'aime

4 commentaires

LeRossignol

Écrit par

Critique lue 738 fois

5
4

D'autres avis sur Porco Rosso

Porco Rosso
Sergent_Pepper
8

« L’espèce humaine n’est pas entièrement foutue ».

Porco Rosso pourrait a priori se voir comme un long métrage qui n’appartient pas à son créateur. Les amoureux de Chihiro, Mononoké et Ponyo ne retrouveront pas la magie, l’univers foisonnant et...

le 4 nov. 2013

148 j'aime

9

Porco Rosso
real_folk_blues
8

Il a la cote, ce porc.

En revoyant Porco Rosso je me suis rendu compte qu'il avait bien plus de qualités que ce que mes souvenirs me laissaient croire. Sûrement l'un des Ghibli les plus romantiques et les plus réussis,...

le 27 avr. 2012

134 j'aime

26

Porco Rosso
SBoisse
10

Guerre cruelle, paix décevante

Cet opus tranche dans l’œuvre du maître. Si l’on y retrouve l’amour de l’aviation, de l’Italie des années trente et nos amis les pirates, il étonne par son romantisme occidental. Le monde animiste et...

le 21 août 2015

79 j'aime

14

Du même critique

The Tree of Life
LeRossignol
7

Critique Schizophrène

"- Bah moi j'ai pas tout compris... - Ouais, mais t'as pas vu le tout début. - Oui, mais c'est quand même un peu fait pour que tu comprennes pas. - Normal, c'est complexe. Ça te plaît le complexe,...

le 24 juin 2012

11 j'aime

4

Entr'acte
LeRossignol
9

"Un œuf dansant sur un jet d'eau"

Un court-métrage de malades, appuyé sur un scénario de ce taré de Picabia, la musique de Satie, et la réalisation de Clair (même si ça ne l'est pas (ha ha ha)). On joue avec nos yeux et nos sens, le...

le 18 nov. 2011

8 j'aime

Intolérance
LeRossignol
7

Il y a mythe et mythe

J'avoue que je mets un 7 uniquement pour les décors, qui sont grandioses, les costumes et les figurants qui vont avec, les quelques beaux mouvements de caméra. Après, le reste, pour être franc, je...

le 18 janv. 2012

6 j'aime

3