Après des films se déroulant à notre époque, Céline Sciamma s'attaque au film en costumes. Elle y retrouve son actrice de Naissance des pieuvres Adèle Haenel et en fait à nouveau un objet de fascination. Noémie Merlant remplace Pauline Acquart et le spectateur devient le témoin de cette relation fascinante entre amitié et amour.
Haenel est rayonnante dans ce rôle de femme que l'on dit difficile, alors qu'elle veut seulement être libre et sans obligation. La surprise vient toutefois de Merlant. Son personnage veut également sortir des conventions dans le monde artistique (les femmes n'avaient pas le droit de dessiner et peindre des hommes). L'actrice crève l'écran et apparaît comme une représentation de la réalisatrice. Sciamma dirige Haenel comme la peintre le fait avec son modèle.
Portrait de la jeune fille en feu est un portrait de ces deux femmes unies dans une société qui n'en demande pas tant, auquel on peut également rajouter une mère aimante et usée par le poids des conventions (Valeria Golino au top) et une servante permettant d'évoquer la question de l'avortement au XVIIIème siècle (autre bonne surprise avec Luàna Bajrami).
On pense parfois à Mademoiselle (Park Chan Wook, 2016), même s'il n'y a pas de thriller ici et un peu moins d'érotisme. Là aussi un beau portrait de femmes de cette décennie. Puis si vous êtes artiste à vos heures ou tout simplement amateur d'art, il est fascinant de voir une artiste en plein travail dans des séquences jouant sur les regards, les inspirations ou la manière de peindre et de dessiner (superbe travail d'Hélène Delmaire).