Céline Sciamma nous offre un film d'une rare modernité, sur la naissance du désir et la beauté du souvenir. Son long-métrage est caractérisé par un travail sur la retenue, qui permet d'instaurer une tension érotique et sexuelle des plus étouffante. C'est un film sur l’éclosion de l’amour entre deux femmes, qui n'ont pas le droit de s'aimer, de part leur condition : ce sont des femmes.
L'oeuvre de Céline Sciamma est subtilement féministe et visuellement époustouflante. La superbe composition des cadres met en valeur les corps par un jeu de couleurs dans l’espace. La photographie et l'esthétique sont maitrisées. La réalisatrice fabrique des images éternelles, construites comme de véritables tableaux de maître.
C'est un film pictural, mais littéraire aussi. En effet, le métrage connait un style très théâtral et littéraire, notamment dans ses dialogues, qui ne donnent pas l'impression d'être naturels ou spontanés. Bien entendu cette démarche est voulue par la réalisatrice mais cet aspect peut diviser.
Le long-métrage est touchant, érotique, mais semble être timide...ou trop sage. La passion est là, ces femmes sont en feu, mais l'amour sexuel des corps manque à l'appel.
N'en reste pas moins un film beau, dans le fond comme dans la forme, qui fait du bien au cinéma français.