Possession
7.2
Possession

Film de Andrzej Zulawski (1981)

"Il est très fatigué, il m'a fait l'amour toute la nuit..."

Ce métrage suinte la folie, il commence comme un banal drame domestique: un mari trompé, des scènes de ménages hystériques; puis arrive la rupture, Adjani est amoureuse d'une chose larvaire, lovecraftienne, tapi au fin fond de la banlieue crasse d'un Berlin en décrépitude, où tout ceux qui l'approche trouve la mort.
Le mot même composant le titre, "possession", est à prendre au propre comme au figuré. Il s'agit bien d'un cas de possession, oh pas comme dans "L'exorciste" ou consorts ou suite, pas d'une possession démoniaque, non. Il s'agit d'un possession plus insidieuse, plus absurde, la plus quotidienne, celle qui lie trop souvent les Hommes entres eux. Et les colères brusques qui agitent le couple Marc/Anna tout au long du film ne sont que l'expression du deuil douloureux que chacun de nous doit faire quand il se rend compte qu'on ne possède personne, que les ruptures sont abruptes quand on voit l'objet de notre amour nous échapper....
Et puis c'est un cas de possession au sens propre: Anna est littéralement subjuguée et révulsée par moments, la fameuse scène (célèbre) dans le couloir de métro ferait rougir William Friedkin lui-même. Sans compter que chaque personne qui rencontre la "chose dans l'appartement" est comme médusée, sa simple vision provoque la folie. Surtout quand Anna prononce ce laconique "il est très fatigué, il m'a fait l'amour toute la nuit..."
Les éléments fantastique sont distillées peu à peu tandis que l'intrigue policière s'étiole et le final est une sorte de serpent qui se mord la queue, elle en laissera plus d'un perplexe. A la fois le film nécessite plusieurs visionnages pour vraiment en saisir la complexité scénaristique allant de faux semblants en paradoxe temporel, mais d'un autre coté il est difficile de le revoir tellement il prend aux tripes et remue ce petit quelque chose d'indéfinissable en notre for intérieur.
Isabelle Adjani trouve ici un des ses rôles les plus explosifs, oscillant entre la cruauté froide, l'hystérie, la psychose mystique et la folie meurtrière. Sa scène de possession dans le couloir de métro restera dans les annales. Et Sam Neil n'est pas en reste, excellent dans le rôle du mari bafoué: dépression, colère et reconstruction.

Miserylord
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 23 juin 2020

Critique lue 624 fois

3 j'aime

Miserylord

Écrit par

Critique lue 624 fois

3

D'autres avis sur Possession

Possession
Morrinson
7

La possession, c’est le vol.

Étant donnée l'affiche du film, évoquant une version érotique du mythe de Méduse, et la catégorie du film à l'orée des genres dramatique et horrifique, on ne saurait mieux induire en erreur le...

le 14 nov. 2016

53 j'aime

8

Possession
Velvetman
9

L'appât du mal

Certains longs métrages laissent une trace indélébile dans l’esprit du spectateur. Des films qui épuisent leur forme réaliste pour s’engouffrer dans une dynamique du fantastique et toucher de près la...

le 2 mai 2014

52 j'aime

6

Possession
oso
5

Faites-la taire !

Pas évident de poser les mots sur le bureau pour composer quelques phrases cohérentes à la fin d'un film comme Possession. Il est tellement envahi de rage pure qu'il est quasiment impossible d'en...

Par

le 22 juil. 2014

37 j'aime

6

Du même critique

Possession
Miserylord
9

"Il est très fatigué, il m'a fait l'amour toute la nuit..."

Ce métrage suinte la folie, il commence comme un banal drame domestique: un mari trompé, des scènes de ménages hystériques; puis arrive la rupture, Adjani est amoureuse d'une chose larvaire,...

le 23 juin 2020

3 j'aime

Le Locataire
Miserylord
10

Je ne suis pas Simone Chouuuule!

Troisième film de la trilogie des "appartements maudits" de Polanski qui, si je puis me permettre, boucle la boucle en beauté, car on assiste ici à une véritable descente dans l'enfer de la...

le 24 juin 2020

2 j'aime

Le Crime farpait
Miserylord
8

La revanche d'une moche

On retrouve la recette secrète d'Alex de La Iglesia pour faire une bonne comédie d'humour noir: des personnages truculents, un casting de "gueules" improbables, un anti-héros totalement veule, des...

le 23 juin 2020

1 j'aime