Manque de bol, Potiche est un film de Francois Ozon. Un réalisateur que je n'aime pas particulièrement, qui fait partie d'une vague de créateurs français qui me sortent un peu par les yeux depuis quelque temps. Néanmoins, parce que le casting est intéressant et que la bande-annonce m'a paru bien conçue, je ne suis pas allé au cinéma à reculons. Aurais-je du ?
Potiche est pratiquement un théâtre filmé pour du cinéma. Du coup, c'est le cul entre deux chaises que François Ozon tente de proposer son film à un public forcément étonné dès les premières minutes. Luchini crève l'écran, Catherine Deneuve est excellente et le reste du casting s'en sort vraiment bien. Mention spéciale à Jérémie Renier qui n'a pas fini de nous étonner ces temps-ci et qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Claude François dans ce Potiche. Étonnamment, un biopic sur le chanteur lui a été proposée pour un futur proche.
Le film raconte l'histoire d'une épouse bien rangée dans sa vie de couple et qui a l'habitude de passer ses journées à faire l'idéale maitresse de maison entre deux séances de footings et d'écritures de poésies quelconques, mais passionnées. Jusqu'au jour ou son macho de mari, dirigeant l'entreprise de son propre père, tombe malade. Elle devra alors prendre sa place à la tête de l'entreprise et y prendra vite gout. S'en suit alors tout un florilège de scènes très théâtrales avec des personnages hauts en couleur, des coups montés, des quiproquos et au final un "tout est bien qui fini bien" rempli de sous-entendus sur notre propre société. Car Potiche est politique et c'est la son moindre défaut. On s'y retrouve parfaitement, socialement parlant, dans cette France des années 70. Prouvant finalement que les problèmes politico-sociaux se répètent encore et encore sans que rien n'évolue vraiment. Néanmoins, au-delà de ce "message" volontaire, mais pas forcément porteur d'idée plus que d'humour, Potiche est il un bon film ?
À mon sens, pas totalement. Théâtre ou Cinéma ? Le réalisateur ne le sait pas et cela se voit largement. Aussi, la mièvrerie abusive présente tout au long du film le rend assez indigeste pour qui n'aura pas pris (ou n'aura pas voulu) prendre le recul nécessaire à la réflexion et à l'explication de ce tas de bons sentiments immondes, mais volontairement trop présents qui en disent long sur les nombreux thèmes du film. Comme si on voulait nous rappeler, au bout d'une heure trente, que la vie n'est pas un film et qu'au bout du compte il n'y a bien qu'au cinéma que tout se termine magnifiquement bien. Dans la vraie vie, le combat continu, les inégalités sont nombreuses, etc. Potiche n'est pas un grand film, est très bancal sur bien des moments, mais se paye le luxe d'être intelligent, bien conçu et de mettre en avant un casting particulièrement savoureux.