Pour Sama est un documentaire filmé par une jeune étudiante en économie lorsque la guerre éclate en Syrie en 2011. Vivant à Alep, Waad Al-Kateab, cinéaste amatrice, décide de rester et soutenir la maigre résistance combattant le régime de Bachard Al-Assad vivement soutenu par le gouvernement Russe. Ainsi, le spectateur sera plongé au coeur du conflit pendant plus de 5 longues et cruelles années.


Pour Sama est une expérience, une épreuve cinématographique jamais vécue à ce jour. Avant tout, ce film est à déconseiller aux âmes trop sensibles. La guerre, la mort, la perte y sont montrés de façon directe sans aucune concession. Les images sont réelles. Un grand sentiment d'injustice éclot quand nous découvrons les résistants et combattants de la liberté attendant l'aide internationale n'arrivant pas par manque d'intérêt économique et par intérêt politique.


Waad Al-Kateab n'aborde jamais la géopolitique dans son film. A son échelle, cela n'a plus d'importance. C'est le peuple qui subit, se sont ses amis qui meurent, c'est son enfant Sama, qu'elle regretterait presque d'avoir mise au monde pendant le conflit. Car oui, au milieu des bonbardements incessants, des attaques au chlore, de la torture, ... la vie continue. Sans cet espoir d'un avenir potentiel, rien n'aurait été possible. Quand le monde décide d'ignorer les humains prit en tenaille, seule la volonté de certains permet de garder espoir. Ces héros du quotidien méritent toute notre attention et notre respect.


Ce qui est dingue c'est de continuer à constater que l'histoire se répète tout le temps même pour le plus dramatique. Pendant la seconde guerre mondiale, les allemands exterminaient des millions de personnes dans des camps de la mort dont les gouvernements du monde ignoraient l'existance, c'est leur parole contre rien d'autre. Mais voilà un conflit encore plus récent qu'est la guerre en Syrie. Grâce aux nouvelles techniques d'information et de communication, le monde sait, du moins il est mieux renseigné. Pourtant la presse n'a pas toujours fait son travail, préférant ignorer des appels à l'aide pour se concentrer sur des sujets plus croustillants. Il aura fallut attendre l'exode Syrienne en Europe pour commencer à réellement accepter et comprendre ce qui se jouait dans l'ombre.


Attention, le documentaire, soyons clair, ne parle pas de tout ces enjeux politiques et cet avis n'est pas du tout politisé. C'est un simple constat d'humain à humain que le documentaire Pour Sama ne fait que renforcer malgré lui. Rarement, voir jamais je n'ai été aussi boulversé et bousculé dans une salle de cinéma. Le fait que les vidéos montrées soient réelles, et ne cachent pas par exemple un enfant mort arrivant à l'hopital de fortune après un bombardement, y sont pour beaucoup.


Pour Sama a fait naître, ou du moins a fait évoluer une reflexions en moi. Avant je trouvais ce genre d'images presque voyeuristes. Les gens sont attirés par la mort, par l'effet de sensationnel. Je ne suis pas du genre à aller sur Youtube et taper dans la barre de recherche "otages décapités". Aujourdhui je me dis que cette réalité existe et que décider de ne pas la voir et aussi dangereux. Bien que cela ne veut pas dire que j'ignore ce qui se passe, un documentaire bien monté, bien narré accompagnant le spectateur pour mieux comprendre et parfois apprendre comme le fait Waad Al-Kateab, remet bien des choses en perceptive.


Voir c'est croire. Croire c'est apprendre. Apprendre c'est comprendre. L'ignorance est une arme destructrice. Cela ne signifie pas que je vais m'amuser à chercher le malheur en vidéo. Hors contexte, ce genre de vidéos dupent bien des esprits et altèrent la pensée, mais si des films comme Pour Sama pouvaient inspirer la presse et se faire soulever des gouvernements, cela serait formidable. Laisser la parole aux victimes et les aider, pas uniquement quand cela est tendance. Cordialement.


Et malgré tout, Pour Sama est un film documentaire porteur d'espoir dont les protagonistes, réels, restent humbles et dignes en toute circonstance.. Résister, vivre, aider, se sacrifier, garder le sourir.... le peuple qui s'inflige la guerre et la mort pour le peuple, et rien d'autre.

MassilNanouche
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2019, 100 FILMS et Les meilleurs documentaires

Créée

le 3 nov. 2019

Critique lue 432 fois

4 j'aime

Massil Nanouche

Écrit par

Critique lue 432 fois

4

D'autres avis sur Pour Sama

Pour Sama
constancepillerault
9

Critique de Pour Sama par constancepillerault

C'est un film très prenant, et un témoignage exceptionnel : la situation à Alep, pendant 5 ans, vue de l'intérieur, par une jeune femme qui a tout filmé : les moments de joie en famille avec son mari...

le 11 oct. 2019

25 j'aime

1

Pour Sama
Aweissenburger
10

FOR SAMA Critique

Tellement de documentaires ces jours-ci se consacre à raconter de divers conflits au Moyen-Orient, et bien qu'ils veuillent admirablement raconter l'histoire des événements qui s'y déroulent, ils ne...

le 15 mai 2019

21 j'aime

Pour Sama
socrate
9

ce que c'est que de vivre sous les bombes

Emouvant. Terrifiant. Révoltant. Indispensable, probablement. Impossible surtout de voir ce film aujourd'hui sans penser à l'Ukraine et à ceux qui vivent le même cauchemar. La situation n'est pas...

le 29 avr. 2022

14 j'aime

4

Du même critique

En attendant Bojangles
MassilNanouche
7

Pile ou Face

Le soleil. Une réception mondaine. Romain Duris (Georges) en charlatan fabuleux. Des bourgeois crédules. Une rencontre. Viriginie Efira (Camille) et l'élégance élancée d'une colombe. Puis une danse...

le 7 janv. 2022

26 j'aime

6

Ma Loute
MassilNanouche
5

Folie et légèreté sociale

C'est une sensation inhabituelle qui naît au générique de fin de Ma Loute quelque part entre la poésie tragique et l'incompréhension totale. Toute la séance durant, le ressenti n'a de cesse...

le 13 mai 2016

23 j'aime

2

Gangsterdam
MassilNanouche
1

"Le viol cool"

On est d'accord, on la viole pas ? Non, non... Non on la viole ou non on la viole pas ? Non, non on la viole pas ! clin d’œil... Non, on la viole pas. ... Non, mais je parle du viol cool, le viol...

le 1 avr. 2017

20 j'aime

21