Il est difficile de juger Pour une poignée de dollars par rapport aux opus qui le suivent. Parce que c'est une reprise de Yojimbo, qui lui-même était une adaptation de La moisson rouge de Dashiell Hammett, bref un roman policier relevant du Noir, genre dans lequel un homme perd les repères traditionnels de la société en se trouvant coincé entre une police défaillante et un (ou ici plusieurs) groupes de gangsters.


Le décorum du western est là, mais le film bien plus urbain et bavard que les opus suivants. Blondin fait des courbettes, manipule les uns contre les autres ces brutes épaisses / sadiques / dégénérés / lâches. Il n'y a pas de background psychologique, d'histoire de revanche romantique ou d'exploration des mythologies de l'ouest : le film est une parabole, mais sur l'Humanité plutôt que sur le western ou le cinéma.


C'est cependant un épisode important, il pose les bases : l'humour macabre (les blagues sur le croque-mort) ; la dépiction de l'Ouest comme sauvage, sans pitié. La mise en scène est excellente, avec ces perspectives déformées autour de la grand-rue.


Le lien image-bande-son est ici plus expérimental, ce qui est intéressant. Dans les opus suivants, l'image est un peu esclave de la musique de Morricone. Ici, les choeurs lyriques d'homme interviennent parfois dans des situations qui n'ont rien d'héroïque (quand Blondin est bourré...), car le but est de créer un effet de distanciation plutôt que d'esthétisation.

zardoz6704
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le 25 févr. 2017

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