En l'an 1 avant AKIRA , un homme avait décidé de poser ses couilles dans le game du cinéma d'action. Son nom est John McTiernan , l'un des Big Boss de ce qu'on raffole de la part du cinéma et que certains n'arrivent pas à comprendre. L'efficacité. Il n'y a rien de plus satisfaisant sur cette planète que l'efficacité alors quand des personnalités connaissent ce concept et le manient aussi bien qu'un mâle pornstar qui retient son envie de giclée sur quarante minutes , j'ai tendance à appeler ce genre de personnes des artistes.


Et quelle vie mes aïeux ! Quand tu penses à Verhoeven qui a galéré devant les mania des productions pour réaliser des films avec une certaine violence ainsi qu'une vision personnelle de ses œuvres , t'es vite sujet à la déprime. Mais le pire reste pour McTiernan , on a carrément décidé de l'envoyer en prison pour une histoire d'écoute alors que pendant ce temps , t'as des politiques accusés de viol ou de corruption qui ressortent tranquille du tribunal avec la banane aux lèvres et une carrière qui n'est pas prêt de s'arrêter.


Bref , revenons à l'efficacité. L'élément indispensable pour réussir un film d'action. Ce petit quelque chose qui fait que tu vas adorer le film pendant et après ta séance tout simplement parce qu'il procure un sentiment de satisfaction. Il n'existe pas sentiment plus jouissif au monde. Ce sentiment d'avoir accompli quelque chose de bien dans la journée , qui fait que ça n'a pas été un jour comme les autres. Du coup quand tu te couches , t'as réellement l'impression de sauvegarder ta progression dans ce jeux vidéo insupportable et addictif qu'est la vie.


John McTiernan réalise Predator et l'imprègne d'efficacité de A à Z. Et quand je dis de A à Z , j'entends par là qu'il y inclut correctement toutes les autres lettres en commençant par Schwarzenegger. Puis son scénar. Puis son suspens. Puis sa réalisation. Par tout son putain de talent de metteur en scène en fait.


Pendant toute la durée de cette mission en enfer vert , on ne cesse d'être avec les personnages et de vivre le moment avec eux. Même si je connaissais le principe du film , j'ai pas arrêté un seul instant à me demander ce que c'est ce bordel dans cette jungle équatorienne. Dans ces moments là , quand tu commences à réfléchir avec les personnages , c'est que t'es dedans. T'es dans le film. T'es prisonnier d'une pellicule remplit d'image qui s'enchaînent pour se mettre en mouvement. T'es dans le cinéma. Quand les choses se passent ainsi , j'appelle ça de l'art.


Je ne vais pas vous mentir , c'est juste l'histoire d'un commando qui se fait poursuivre par un extraterrestre mieux armé qu'eux. Pourtant la façon dont McTiernan va mettre cette histoire en scène va révéler tout son potentiel , à commencer par son suspens et sa pression digne d'un Alien ou The Thing. Par là , j'entends mise en place du monstre et utilisation de l'environnement. Le réalisateur réussit dans ces deux domaines. Il tire à merveille toute l'étendue et la densité de la jungle en créant une atmosphère étouffante où t'aimerais vraiment pas passer tes vacances. Une jungle luxuriante où chaque bruit et chaque mouvement devient suspect. Un Viet-Cong ? Un serpent venimeux ? Bernard Henri-Lévy ? Qui sait. Dans la jungle , pour découvrir un mystère , tu sais que tu vas devoir en baver. Un endroit où il faut être plus fort que celui en face pour survivre.


Être fort , c'est tout de suite plus simple si tu es Schwarzenegger , mais tout de suite bien plus compliqué quand tu vois ce qu'il y a en face.


Ce film de 1987 ne met pas en place un monstre comme les autres. Il est unique par rapport à tous ceux qui ont été créés , particularité propre à tous les films qui se reposent au panthéon des films de monstres. La troupe de Schwarzy n'est pas confrontée à un monstre assoiffé de sang. Ils sont confrontés à un être qui répète les mêmes actions d'un chasseur sur ses proies. Le Predator. Un être venu d'ailleurs qui partage la même passion que de chasser quelque chose de dangereux.


Un comportement qui se rapproche de nous , ce qui est loin d'être le cas pour l'apparence physique. Stan Winston modélise ici une parfaite figurine ce qu'elle représente. Si le xénomorphe de Ridley Scott représente parfaitement une créature des cauchemars et que la Chose de Carpenter représente une abomination , le Predator représente parfaitement un être intelligent , sanguinaire et implacable avec un costume conçu impeccablement en terme de qualité et de design. Cela va également pour la forme sans armure. Quelle création !


Une magnifique mise en scène de l'Homme face à son premier prédateur intelligent.


Quand j'écris ça , je me rend compte à quel point un simple film d'action mêlé à de la science fiction peut nous apporter comme réflexion ou message. Les gens préfèrent se leurrer avec un film dit "bourrin" alors que l'attaque sur les rebelles est magnifiquement orchestrée (à deux choses près) et que le dézinguage sur la forêt est une retranscription de la peur ainsi que la colère d'avoir perdu un ami avec qui tu as tout vécu. Cette scène , c'est vraiment quelque chose que je pourrais faire si la situation m'arrive un jour : je sais que quelque chose nous pourchasse , j'ai peur , j'ai la pression , je me chie dessus , il tue mon meilleur pote , je le vois à peu près se barrer , mon cerveau réfléchit pas --> je canarde l'horizon. CQFD.


Predator n'est pas un film de bourrin. C'est un film d'action brillamment mené par un réalisateur qui a su révéler tout le potentiel d'un scénario simple en y insufflant du suspens , du charisme pour Schwarzenegger qui joue très bien la peur de la part d'un soldat d'élite (son jeu de regard est incroyable , sérieusement il faut le noter) en plus de péter de badassitude à la scène finale recouvert de boue , l'apparition d'un monstre unique et sanglant , le tout dans un espace merveilleusement bien utilisé.


Rajoute en plus la composition d'Alan Silvestri qui signe la parfaite bande-son d'une chasse impitoyable.


Predator , et comme beaucoup de ses autres congénères , c'est une efficacité admirable.
Predator , c'est le genre de film qui me fait comprendre de : pourquoi j'aime le cinéma.

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le 16 oct. 2016

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