De légers spoilers sont présents.
Les minutes s’écoulaient, une sensation me parcourait. Plus qu’une sensation, un souvenir, ou plutôt des brides de souvenirs ; je revoyais certains passages de films que mon grand père regardait le dimanche après-midi, ces films qui suivaient un commando et qui étaient loin d’être des chefs d’œuvres.
J’ai ainsi réalisé que je regardais un film qui aurait aisément put finir en nanar mais qui, par les efforts conjoints de différents talents, a atteint le rang de grand film culte.
Et quel film ! Schwarzenegger dans le rôle principal, McTiernan à la réalisation, Alan Silvestri à la BO, Apollo Creed himself en personnage secondaire, un extra-terrestre iconique (encore un), j’en passe et des meilleurs.
Pourtant, ces brides de souvenirs qui me parcouraient l’esprit n’ont pas durées éternellement et ce grâce à cette force du film : le mélange des genres. A la science-fiction de la première scène succède l’aspect commando de la première partie du film, qui elle-même précède un retour inattendu (malgré la scène d’intro) à la science-fiction se confondant au survival. Tout un mélange habilement mené qui surprend le téléspectateur, tout aussi surpris que les personnages quand survient la première attaque du Predator, le retour à la SF.
De fait, on est d’autant plus plongé dans cette lutte de survie à laquelle seront confrontée les personnages. Une lutte magistralement mise en scène par un McTiernan très énergique sur les scènes d’actions, doté d’un réel talent pour l’iconisation ( tant du Predator que de Dutch ) et basant une grande partie de sa mise en scène sur cette jungle organique ainsi que sur la dissimulation (se traduisant de différente façon, du personnage dissimulé dans le plan aux diverses suggestions qui sont faite du Predator), mise en scène particulièrement étudié pour mettre en image l’un des thèmes du film : la relation prédateur/proie.
Loin d’être l’unique thème qui jalonne le film, lui permettant ainsi d’être plus qu’un film d’action un peu bêbête, mais celle qui m’a le plus marqué car c’est bien cette relation prédateur/proie qui est au cœur du film.
Les soldats/l’Homme d’abord prédateurs, attaquant efficacement un camp, se voit relégués au rang de proies impuissantes face à un adversaire bien plus redoutable. Ce n’est qu’après avoir chuté (littéralement mis en image par la chute de Dutch) et retrouvé son instinct primaire de chasseur par un retour à l’état naturel, privé de gadgets, n’ayant pour seul armes que ses mains, son cerveau et son environnement, que l’Homme redevient prédateur face à un Predator handicapé par son attirail technologique.
S’en suit un haletant jeu de chasse s’achevant en apothéose par un combat à mains nus, une fois les deux prédateurs à égalité pour finalement s’achevé sur l’Homme vainqueur mais maintenant conscient qu’il existe tout autant voire plus redoutable que lui. Le tout pouvant se résumer à : comment rendre un scénario d’apparence simple bien plus intéressant.
Et pour rivaliser avec l’Homme il fallait évidemment un Predator, chasseur extra-terrestre culte, tout le monde le connait même sans avoir vu le film. Fruit de Stan Winston, son apparence et son comportement en font une créature instantanément mémorable, d’autant plus marquante car assez proche de l’Homme dans sa physionomie mais bien plus imposante et effrayante, accentuant la confrontation proies/prédateur qui s’opérera entre lui et les soldats.
Et que serait tout cela sans la superbe composition de Silvestri. Des morceaux musicaux qui prennent aux tripes, renforcés par un mixage/travail du son qui fait du bien aux oreilles et une, ma foi, très bonne VF (malgré l’absence de LA réplique culte du film).
Entre de mauvaises mains, ce film aurait surement rejoint la liste des films nanardesque, et je ne peux que saluer les efforts de tous ceux ayant travailler sur ce film.
Grâce à eux, nous n’avons pas eu un nanar, mais un put*** de super film !