1990 a été l'année de toutes les séquelles, outre ce Predator 2:



  • Child's Play 2,


  • Delta Force 2: The Colombian Connection,


  • Die Hard 2: Die Harder,


  • Gremlins 2: The New Batch,


  • RoboCop 2,


  • The Neverending Story 2: The Next Chapter,


  • Young Guns II,


  • Back To The Future Part III,


  • Leatherface: The Texas Chainsaw Massacre III,


  • Legion: The Exorcist III,


  • The Godfather Part III,


  • A Nightmare on Elm Street part V: The Dream Child,


  • Rocky V,


  • Anothers 48 Hrs.,


  • Class of 1999 (séquelle de Class of 1984),


  • Look Who's Talking Too (jeu de mot entre "too" = aussi et "two" =2),


  • The Two Jakes (séquelle de Chinatown) !



On profitait alors d'une franchise plus (Look Who's Talking Too ou A Nightmare on Elm Street part V: The Dream Child) ou moins (The Two Jakes ou The Godfather III) rapidement en ce temps-là, répondant surtout à une demande du public donc, pas comme de nos jours (en règle générale, bien sûr).


Predator 2 fait donc partie de la première catégorie et 3 ans après le film de McT, la Fox enjoint Joel Silver de se remettre en selle.
Bien sûr, un scénario est écrit pour Schwarzenegger par les duettistes de l'original (soit les frères Jim & John Thomas) mais la star devra partager l'écran avec un autre acteur et de plus, la rallonge qu'il a demandé à la production est vite rejetée car le studio ne veut pas un budget alloué supérieur à celui du premier...


Schwarzy s'échappe donc et va retrouver Paul Verhoeven pour aller jouer sur Mars.


Le perso de Dutch - qui devait chasser le chasseur, soit le Predator pour les moins réveillés - est donc raccourci et modifié pour devenir celui de Peter Keyes.


Stephen Hopkins est choisit après que le studio ait vu son travail sur le très visuel A Nightmare on Elm Street part V: The Dream Child et la Fox lui envoie alors Steven Seagal qui serait partant pour incarner le héros qu'il voit comme étant "un psychiatre de la CIA adepte des arts martiaux" (!!!).
Hopkins déclina poliment (mais fermement) l'offre...
On peut donc lui dire merci, car du Seagal qui casse les poignets du Predator en balançant des vannes...


Patrick Swayze est alors approché mais celui-ci s'étant blessé au genou sur le tournage de Roadhouse, il préféra décliner au vu des scènes d'actions et se rabattit sur le film Ghost, bien plus calme...


Silver connaissant évidemment bien Danny Glover (ils avaient déjà collaborer sur Lethal Weapon 1 & 2, il lui proposa alors le rôle et Hopkins n'y vit aucune objection.
Glover s'entraina donc quelques mois pour muscler son apparence et ainsi se départir du côté "pantouflard" du Murtaugh de Lethal...


Enfin, Kevin Peter Hall fut heureusement rappelé pour incarner le Predator (ainsi que le vieux Predator qui donne l'arme à Harrigan dans le vaisseau à la fin) et travailla encore sa gestuelle pour donner une vraie identité à la créature.
Hall contracta alors le HIV lors d'une transfusion sanguine après un accident de voiture et mourut d'une pneumonie en avril 1991, après avoir joué son dernier rôle dans le déjanté Highway To Hell.
A ce titre, Hall inventa la gestuelle aérienne, gracieuse et menaçante des Predator qu'aucun autre interprète n'a jamais su rendre correctement.


Au même titre que le personnage (qui apparut dans plusieurs autres films de plus en plus mauvais), Hall est parti et ne reviendra jamais.


So long, Kevin...


(en compagnie de Stephen Hopkins à droite sur la photo)
https://c8.alamy.com/comp/BPDMX0/kevin-peter-hall-predator-2-1990-BPDMX0.jpg


Predator (1987) est forcement novateur dans son concept, son fond et sa forme.
McT s'est fondu dans son décor et a livré un film où l'Homme régresse à son stade primaire.
C'est donc un face à face entre une poignée de soldats et un guerrier venu d'ailleurs.
Predator reste donc un grand classique, cela va de soi.


Predator 2 ne bénéficie plus de l'effet de surprise, puisque l'on sait à quoi ressemble le chasseur E.T.
Alors il est décidé que cette séquelle ne se déroulera pas dans une jungle organique (puisque déjà fait) mais urbaine.
Le concept de base reste le même mais est transposé au sein de L.A où une guerre civile entre police et trafiquants de drogue (sujet en phase avec la politique de l'époque de George Bush), sans compter que règne une canicule infernale (climat propice au Predator)...


Welcome to the Jungle by Alan Silvestri:
https://www.youtube.com/watch?v=P0KNvuEn0dA&list=PLKL-wdtP0f21t7RySa296C0StmD7pyOY8&index=2


Le terrain de chasse de l'alien (l'étranger) est donc plus complexe, puisque celui-ci grouille de proies potentielles (entre les flics et les cartels, les futurs trophées sont donc à même de se défendre, rendant le jeu plus excitant et varié).


De plus, l'on y apprend ici que le Predator n'est pas un chasseur solitaire, puisqu'il est venu accompagné de ses ainés venus vraisemblablement pour la même raison (expliquant pourquoi il n'y a qu'un vaisseau et autant de Predator lors de la scène finale ).


Là où dans l'original, il n'était montré que comme un étranger sans attache et sans origine expliquée (pas de vaisseau visible au sol ni d'autres représentants de son espèce), il est ici celui qui va tenter de gagner ses galons honorifiques tandis que ses pairs attendront de voir le résultat final.


Il est donc question d'un rite initiatique où le guerrier traqueur devra faire ses preuves, puisque la Terre semble être un terrain de chasse assez prisé par ces créatures (on sait au moins qu'il y en a eu une au Mexique en 1987 et une sur une caravelle en 1715, puisque Raphael Adolini était un pirate en ce temps-là...


Si on met de côté une seconde le mythe du Predator en tant que personnage, le film de Stephen Hopkins reste l'un des meilleurs actioners des 80's/90's.


Combinant une violence très graphique et un langage très familier, Predator 2 écopa lors de son montage original de " l'infamante" classification NC-17 (interdit aux mineurs même accompagnés), interdisant par la même toute campagne publicitaire (un peu comme dans une dictature donc, merci USA!!)
A noter qu'il fut d'ailleurs le premier à inaugurer cette nouvelle "sanction" made in MPAA...
de fait, le film dut être remonter et certains plans trop graphiques (enfin, aux yeux des imbéciles du comité de censure (des vieux croulants, des bénis oui-oui et autres sous-créatures ayant des manches à balai dans le cul) comme:



  • l'exécution de Ramon Vega (où l'on voyait l'exécuteur lui retirer le coeur à vif),


  • ou encore la mort de Keyes (coupé en deux par le fameux disque, ses jambes tombaient au sol et la partie supérieure était retenue par le dit disque, permettant ainsi à ses viscères de s'étaler sur le sol, scène reprise quasi à l'identique dans AvP Requiem où c'est la jeune Jesse qui subit le même sort, mais uniquement dans la version Unrated...



C'était encore une époque où l'on n'avait pas froid aux yeux (contrairement aux PG 13 de rigueur la plupart du temps de nos jours).


Bref, s'il perd le côté survival intelligent du film original, il gagne en puissance de feu et en victimes diverses.


Il est intéressant de noter que comme le Predator ne tue que les gens armés (ainsi, le gamin et son arme factice sera épargné...) et fait montre d'un certain respect quant à la maternité (Leona sera l'unique rescapée de la team d'Harrigan, grâce à ce fait).
On pourrait alors s'imaginer que le film serait une critique voilée sur le second amendement de la Constitution U.S, pourquoi pas...


Subway Predator by Alan Silvestri:
https://www.youtube.com/watch?v=XUWKICxf41U
Beaucoup de sènes se détachent du lot:, comme:



  • l'ouverture très musclée entre le LAPD et le gang d'El Scorpio,


  • la scène de l'appartement du dealer colombien Ramon Vega qui se fait exécuter par les Jamaicains, qui eux-mêmes se font exterminer par le Predator,


  • celle où Danny fouille l'appartement de Vega et se retrouve face à face avec The Hunter,


  • la séquence du cimetière où Harrigan comprend qu'il est pourchassé,


  • l'excellente attaque sous stroboscope du Predator dans le métro,


  • le Predator manchot qui se soigne dans un immeuble d'habitation,


  • la séquence dans l'abattoir,


  • et le climax final dans le vaisseau...



Outre la maestria de Stephen Hopkins (sa réalisation dynamique/explosive amène un certain plus au film) et la splendide BO d'Alan Silvestri (bien supérieure à celle qu'il composa pour le film de McT), le film repose sur les épaules du formidable Danny Glover.


Un Glover qu'on savait capable d'être un excellent bad guy (Witness et le plus nuancé The Color Purple) ou un comédien dramatique douée (le sous-estimé Grand Canyon), mais en 1990, on le voyait surtout sous les traits du Murtaugh de Lethal Weapon, soit un flic débonnaire et papa gâteau, proche de la retraite.


Et là, il est un charismatique flic bad ass (la scène où il coince Keyes dans les escaliers du commissariat est époustouflante, tant Glover est saisissant dans sa colère contenu) qui fait instantanément oublier le sympathique partenaire de Riggs.
Je suis profondément déçu que personne d'autre n'est exploité cette veine de rough action hero, dans les films ultérieurs...


Les seconds rôles sont des archétypes certes, mais au vu de ses interprètes, on se laisse prendre au jeu:



  • Bill Paxton, est impeccable en flic gouailleur,


  • l'actrice/chanteuse Maria C. Alonso prouve qu'elle était une femme d'action,


  • l'acteur/ chanteur Rùben Blades sait s'imposer,


  • le génial Gary Busey est encore une fois menaçant,


  • le ténébreux Robert Davi gromelle comme toujours,


  • et n'oublions pas ces éternelles victimes que sont les stuntmen/figurants Henri Kingi (El Scorpio) et Thomas Rosales Jr (son lieutenant), présents dans la majorité des actioners des 80's/90's.
    D'ailleurs, Kingi était déjà présent dans le film de McT, lors de la scène de l'attaque du camp par Dutch...
    Big Up pour ces deux gars de l'ombre !



Tout ça pour dire que Predator et Predator 2 ne se comparent pas: ils se dégustent à une température ambiante différente.
Chacun excelle dans son genre particulier (survival pour l'un, actioner énervé pour l'autre) et ils forment un diptyque génial à mes yeux.


Si les producteurs avaient voulus un Predator 2 dans la jungle, tout le monde se serait écrié:
"-Pffff, aucune imagination, ils font une suite-remake..."


La jungle urbaine de Predator 2 telle que vu aujourd'hui:
"-Pffff, j'aurai préféré que ça se passe dans la jungle, parce que là, c'est pas pareil..."


Alors amis, il est temps d'arrêter de vous contredire et d'accepter Predator 2 pour ce qu'il est: un putain de film qui pète dans tous les sens, avec un Glover explosif et une jungle urbaine magnifiquement filmée :)


Came so Close /End Credits by Alan Silvestri
https://www.youtube.com/watch?v=wF0i2iPnVfE

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le 24 févr. 2017

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The Lizard King

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