La plateforme de l'élévateur s'engouffre, elle qui, doucement, se voit dévorée d'une immensité sombre planant sur la vallée. Alors que les épais rideaux de brume se soulèvent par delà les collines, le vaisseau accueille ses visiteurs, un entretien des plus singuliers les attend. Un long tunnel s'étend en haut et au loin, Louise et Ian, flanqués de l'équipe militaire l'arpente jusqu'à se retrouver au devant d'eux... Eux, ces choses à l'apparence exotique, au langage sibyllin.


Qui sont ces êtres venus d'outre espace, que cherchent-ils, pourquoi nous ? Si la plus primaire des rencontres s'établie sur la communication, qu'en sera-t-il pour Louise, notre tour de Babel, qu'en sera-t-il du message qu'on a toujours souhaité leur délivrer et qu'on a toujours voulu recevoir ? Doit-on se méfier de ce cousin des galaxies et du temps ou au contraire l'accueillir non sans espoirs ?


C'est là tout le propos de ce Premier Contact qui m'a, à vrai dire, fait autant de bien qu'il ne m'a plongé dans d'intenses réflexions temporelles et philosophiques. Le constat de base est pourtant fort simple. On nous présente cette femme, Louise, ce maître de conférence en langues étrangères, cette femme réputée qui incarne l'élite de son domaine.


Lorsque douze vaisseaux Alien font leur apparition aux quatre coins du globe, on fait dépêcher notre héroïne, on tente un premier contact avec froideur et frayeur, on souhaite pouvoir se faire comprendre d'une race envers une autre et agir ou non comme un seul Humain selon ce qu'il adviendra de l'échange. Si certaines nations se montrent craintives avec ces voyageurs cosmiques, d'autres sont davantage nuancées. Aux États-Unis, l'ambiance est sur la corde raide ; entre un peuple galvanisé par l'arrivée d'aliens (la faute en partie à Burton et au mysticisme local) et une armée divisée, seuls les scientifiques ont réellement en tête le projet fantastique qui s'offre à l'humanité. Si l'atmosphère semble tendue (pour une fois dans un film de ce genre on ne fait jamais référence à Dieu, ce qui est extrêmement soulageant), l'entreprise de communication suit son cours et nous, nous autres petits spectateurs terriens, nous sommes littéralement happés par ce récit qui se révèle être beaucoup plus malin qu'il n'y paraît.


En ayant vu pour la première fois une bande annonce, il y a de cela un temps, je m'étais bien demandé ce qu'allait nous servir comme soupe l'ami Villeneuve. Les premières images laissaient supposer qu'on ne se focaliserait que sur l'apprentissage d'un contact possible entre deux étrangers, l'un à l'autre, et j'avais raison de le penser. En effet, une large part du récit y est consacré. Pour autant cela ne pose aucun problème comme je l'ai cru alors. En plus d'une réalisation ultra maîtrisée et sensitive, Villeneuve ne perd jamais l'intérêt de celui qui va évaluer son travail. On est constamment dans un besoin de compréhension, un besoin de réponses que tout un chacun s'est posé un jour dans sa vie. De ce fait, l'accroche aux personnages s'en retrouve décuplé et la machination de Villeneuve fonctionne, elle finit même par nous éblouir avec grâce mais également par une infinie tristesse, par une blessure qui n'a pas et ne pourra cicatriser.


Par là, et je ne vais pas m'étendre pour ceux qui n'y ont pas encore goûté, se joue tout l'intérêt de l'œuvre. La vie, son cycle, que pouvons nous en faire, si ce n'est choisir un chemin qui est déjà tout tracé. Si l'image du destin ne me parle que moyennement en des temps normaux, le film a su me montrer une voie, non pas magique mais d'une inévitable nostalgie.


Un film remarquable dans son genre, audacieux pour sûr, novateur diront certains. Je pense simplement qu'il mérite la plus grande des attentions et le regard le plus bienveillant. Une fascinante expérience de cinéma.

Fosca

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