Eléments de langage with spoilers

Moins spectaculaire que RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE (auquel il emprunte quelques points communs, notamment sur la recherche du langage), mais aussi plus analytique, plus intelligent et carrément moins bourrin qu’INDEPENDANCE DAY, plus accessible que 2001, ce bijou du canadien Denis Villeneuve montre qu’on peut faire de la SF intelligente et adulte, loin du space opera, et plus proche de la quête de soi.
Comme à chaque sortie qu’il fait, il transcende le genre confié. Plus proche de Christopher Nollan (on ne peut pas ne pas penser à Inception) de par la déconstruction filmique et scénaristique que de Spielberg, Villeneuve se sert à merveille d’un scénario où l’arrivée d’extra-terrestres n’est qu’un prétexte à une étude approfondie sur la communication. On traverse tout le film à travers des petits moments très littéraires (le palindrome, la communication visuelle, écrite, orale, à rebours) et on sort de ce film en ce demandant comment il réussit le tour de passe-passe qui consiste à nous faire gober tout ça. Parce que ça marche, et en beauté.
Grâce à sa réalisation très pointue et très posée. Il ne recherche pas le spectaculaire (l’arrivée est éludée, la première rencontre des extra-terrestres est assez rapide, peu ou pas d’action), et se concentre sur l’intime.
Grâce aussi à sa belle utilisation des effets spéciaux de manière parcimonieuse pour nous les faire apprécier que plus grandement.
Et grâce aussi à son amour des comédiens. Amy Adams est remarquable en femme cassée par un deuil, Jeremy Renner est une nouvelle fois très bon en scientifique qui a la femme de sa vie sous les yeux et s’en approche par petites touches, et Forest Whitacker en militaire humaniste est parfait.
Un vrai chef-d’œuvre, injustement oublié aux Oscars (juste pour le son).