Après "Hippocrate" et "Médecin de campagne", Thomas Lilti dissèque une autre facette du monde de la médecine, à savoir celle de la rude première année d'études. Sous forme d'un roman d'apprentissage classique, on fait la rencontre d'un jeune bachelier fraichement étudiant qui découvre l'univers de la fac de médecine. Grâce à un triplant qui pense connaitre tous les rouages de ce système éducatif, ultra-compétitif et sélectif, ils vont d'abord s'allier et s'entraider jusqu'à ce que les facilités du novices dépassent l'expérience du triplant.
Est-ce que des étudiants en stress dans des amphis trop petits, qui mettent leur vie de côté pendant un an pour devenir des robots à réponses multiples rendent un film captivant ? C'est d'abord ce que je me suis demandé mais force est de constater que le regard humaniste porté sur ces étudiants est juste et empreint d'une certaine rage. Derrière ce film-témoin de ce concours théorique "numerus clausus" (que notre cher Président veut d'ailleurs abolir) se révèle une belle amitié complice entre un Vincent Lacoste border-line et la force tranquille William Lebghil. Au rythme de leurs révisions et de leur soif de réussite, "Première année" accumulent les anecdotes-clés de la vie d'un étudiant en médecine : de la lutte pour avoir les meilleures places en amphi aux sacrifices sociaux en passant par les traditions chantantes... Tout est passé au crible par le réalisateur-scénariste qui délivre une parenthèse de vie où la vie sociale et sentimentale n'existent pas.
Néanmoins, Thomas Litlti n'aborde pas ce sujet sous la forme d'un simple reportage. Au contraire, c'est au rythme des doutes et des effusions intellectuelles qu'on fonce vers le sprint final, ces quelques heures d'examen qui déterminent une vie. Une violence intrinsèque se dégage tout comme un certain humour grâce à cette complicité au coeur du culte de la compétition. C'est aussi touchant, voire émouvant car on s'aperçoit bien vite que la vie future de ces jeunes est suspendue à ce concours où tout se joue à une place !
Bien que ce regard soit concentrée sur un milieu précis et que celui-ci soit particulièrement intensif, "Première année" dénonce l'hyper-compétition dans laquelle notre époque nous oblige à vivre. On est classés, opposés, comparés dès notre sortie du lycée, parfois même plus tôt. Et ce constat s'applique malheureusement à tous les milieux. "Première année" est donc intéressant à partir de ce postulat mais ne comblera pas entièrement ceux qui cherchent à s'évader au cinéma...

alsacienparisien
7

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le 14 sept. 2018

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