C’est ce que l’on appelle une sortie on ne peut plus à propos : mercredi, France Info révélait que le gouvernement envisageait de remettre en cause le numerus clausus des facs de médecine. Autrement dit, mettre fin à ce système qui veut qu’une poignée seulement des étudiants qui se présentent chaque année en première année de médecine soit acceptée en 2e année, la faute à des examens très sélectifs et un nombre de médecins formés déterminés à l’avance. C’est ce système qu’entend faire connaître (et aussi dénoncer) Thomas Lilti avec Première année.
Le spectateur y assiste à l’enfer de l’amphi de deux jeunes étudiants aux profils très différents : Benjamin (William Lebghil) est en première année pour la première fois. Il n’a pas la vocation, mais maîtrise les codes, vient d’un bon milieu… Son père est médecin, son frère normalien, sa mère historienne. Antoine (Vincent Lacoste), de son côté, est en première année pour la troisième fois. Il veut devenir médecin coûte que coûte mais ses sacrifices et son travail acharné, qui inquiète ses parents, s’avèrent jusqu’ici sans succès.
Première année est doublement réussi. Thomas Lilti maîtrise son sujet et réussi d’une part à intéresser et informer sur les failles du système universitaire : l’esprit de compétition, les amphis bondés où il faut « arriver une heure avant pour avoir une bonne place », l’excitation et l’angoisse de la découverte des résultats de concours, la vie sentimentale et familiale mise de côté… Et d’autre part, le réalisateur réussit sa 2e ambition : celle de faire un film divertissant, où l’intrigue, certes classique, se suit avec un plaisir certain, forte de ressorts comiques qui font souvent mouche mais aussi de moments d’émotion brillamment portés par le duo Lacoste-Lebghil, qui confirment leur statut d’espoirs. De quoi donner du poids à la fiction, ainsi qu’à son message qui semble plus que jamais d’actualité.