Président par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Lavie est bien loin d'être simple lorsque l'on est Président et que l'on a en charge les affaires de son pays. Malgré les fastes et le luxe dus à sa fonction, il se retrouve tenaillé entre les secrets d'état, les affaires douteuses en tous genres, le harcèlement de la justice et de la presse. Il doit également tenter de déjouer les trahisons et l'opportunisme d'amis soit disant fidèles et veiller à sa propre sécurité. Le Président, par la force des choses et de par sa fonction, se voit également écartelé entre sa carrière politique et le quotidien de sa vie familiale. Il doit alors faire un choix et agir en conséquence afin de rester le chef suprême de la Nation.


Lionel Delplanque, jeune réalisateur que l'on avait découvert dans "Promenons-nous dans les bois", nous signe un film très méritoire et, somme toute, assez passionnant sur les coulisses du pouvoir avec ses éminences grises et ses corruptions. Il a construit son film sous la forme d'un "thriller" possédant un fil conducteur solide et direct, un scénario bien écrit et sans concession et une intrigue tout à fait plausible sans trop de passages inutiles . A la vue de cette œuvre, on sent bien que Lionel Delplanque a bien analysé l'ambiance susceptible de régner autour d'un homme d'état ; son analyse psychologique et la situation du personnage n'est certainement pas loin d'être juste. Le réalisateur nous démontre qu'un Président n'est pas véritablement maître de ses décisions. Certes, il possède le luxe de la situation , ses serviteurs, ses courtisans mais il ne peut être lui- même. Ses "fidèles" conseillers l'embrouillent dans des affaires douteuses dont ils sont eux- mêmes à l'origine afin d'assurer leur carrière politique. Les trahisons et les luttes d'influence sont incessantes et autour de lui chacun s'agite, y va de son conseil souvent perfide... en fait chacun essaye de tirer profit de la notoriété du Chef de l'Etat. Celui-ci, c'est vrai ,a parfois de louables intentions mais elles sont détournées de leur sincérité au profit de ce sacré baromètre que peut être "la cote de popularité".


En fait le Président est fragile, manipulé et cerné de toutes parts, mais pour ce genre de personnalité à l'esprit carriériste le but suprême est tout de même atteint quoiqu'il lui en coûte. La vie familiale n'est que secondaire et pour cet entourage intime le luxe devient prison et contraintes. En fait, c'est une vie de comédien au rôle périlleux et instable que vit le Président. Et pourtant, lors de certaines scènes, le réalisateur nous fait découvrir un homme qui peut être comme les autres dans les instants d'intimité avec ses parents, sa femme ou sa fille. L'homme est sur un piédestal de cristal, il est donc fragile et gare à la chute !


Dans ce film original et un peu surprenant, on ne peut être qu'agréablement surpris par la prestation tout à fait crédible d'Albert Dupontel. Il nous fait découvrir les multiples facettes de son talent de comédien plus souvent comique et provocateur. On le retrouve dans un style de personnage complexe, en plein doute et torturé tel que nous l'avons apprécié dans "La maladie de Sachs" de Michel Deville. Claude Rich, l'éminence grise du pouvoir est impressionnant par le côté philosophe et énigmatique qu'il compose en se servant du Président comme bouclier afin de construire sa propre carrière. Jérémie Renier en jeune conseiller aux dents longues, envié et naïf, forme avec la charmante Mélanie Doutey, fille du Président, un couple attachant à l'amour impossible.


On ne s'ennuie pas un instant dans ce film où certes figurent quelques clichés mais il faut avouer que l'entreprise, par son thème, est complexe et pleine de risques. Malgré cela, voici un film agréable à regarder mais qui ne vous délivrera pas de grandes révélations.

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le 10 août 2015

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