Ce n'est pas vraiment l'affiche de Priest, ni son synopsis, qui nous à aller voir ce film. Peut-être la carte illimitée. Rappelons-le, Priest raconte l'histoire d'un prêtre-guerrier, entraîné pour combattre des vampires, qui tente de sauver sa nièce. Malgré ce pitch quelque peu banal, ce film propose une vision différente de ces légendaires êtres assoiffés de sang. Les vampires sont ici des bêtes translucides, aveugles et vraiment très laids, vivants en meutes autour d'une Reine à leur tête. Nous sommes loin de la vision romantique proposée depuis des années. Que ce soit Nosferatu de Murnau ou Twilight (1, 2 ou 3, comme vous voulez) de Catherine Hardwicke, les vampires n'ont jamais été aussi déshumanisés. De ce point de vue, nous sommes plutôt contents de voir des vampires qui ne ressemblent à rien d'excitant. Cependant, pour ne pas risquer de décevoir certains spectateurs, un homme vampirisé (et le plus fort de surcroit) apportera la touche nécessaire de fascination liée au mythe du vampire.

Priest est initialement inspiré d'une bande dessinée du même nom, créée par Min-Woo Hyung. Scott Charles Stewart s'octroie par la même occasion de nombreuses libertés par rapport à l'œuvre coréenne. Cette dernière ne fait pas référence à des vampires. De plus, ce long-métrage ne cesse d'ailleurs de faire des références à de nombreuses autres œuvres, la plus évidente étant celle aux films de Western. N'y aurait-il pas un peu de Le Bon La Brute et le truand auprès du sheriff, du prête et de l'humain/vampire ? Une partie des décors (ceux des petites villes créées en dehors des cités) ont clairement la saveur de bon vieux western. Les codes du genre y sont respectés : costumes, accessoires, personnages et décors. La présence du train, et particulièrement du wagon luxueux de l'homme/vampire, évoque sans conteste Les mystères de l'ouest, une série qui associe des éléments du western et des technologies futuristes. Aussi, les prêtes ont certaines allures des chevaliers Jedi. Mais ce n'est pas là le seul élément qui se rapporte à l'univers de Georges Lucas. Citons notamment le passage du bien vers le mal pour l'un des prêtes, et les motos sur lesquels les prêtres se déplacent, qui évoquent ceux de Star Wars.

Priest dépeint aussi une société futuriste pessimiste. Le monde est devenu sombre malgré la victoire temporaire contre les vampires, l'extérieur des cités n'est que désert et les villes sont déshumanisées (le service au bar se fait par des machines, les pêcheurs parlent à un écran d'ordinateur dans le confessionnal, etc.). Ces villes apparaissent comme agressives et polluées. Cette coupure avec le monde environnant pourrait faire écho à la vision dystopique, mais non moins réaliste, du roman 1984 de George Orwell. Cependant dans Priest le pouvoir appartient à l'église qui maintient le respect de la population grâce à leur (fausse) victoire contre les vampires. Big Brother est ici, d'une certaine manière, en Dieu. Il maintient l'ordre dans les cités car « s'opposer à l'église, c'est s'opposer à Dieu ».

Tous ces éléments pourraient faire de Priest un film réellement intéressant et intelligent. Malheureusement la mise-en-scène n'en est pas digne. De nombreuses scènes nous semblent plus ridicules que charismatiques ou impressionnantes (notamment lorsque les prêtes combattent). Certains effets spéciaux ne sont pas parfaitement bien réussis, à l'exception des créatures-vampires, particulièrement bluffantes. A ce stade de la saga, nous ne sommes pas du tout attachés aux personnages. Par conséquent, la naissante relation entre deux des prêtes est plus ennuyante qu'autre chose. Pourquoi j'évoque l'idée de la saga ? La fin est écrite de manière à permettre une suite : « La guerre est finie ! – Elle ne fait que commencer ». Idée que même l'affiche du film reprend dans son accroche.

L'intérêt de ce type de film ne réside pas dans le scénario car tout est prévisible... ni dans le reste. Ni les actions, ni les personnages ne parviennent à rendre ce film passionnant. Laissons donc nos guerriers filer à travers le désert comme de Poor Lonesome Cowboy, et espérons ne pas recroiser leur chemin en salles obscures.
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le 23 juil. 2011

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