Et la nature reprendra ses droits...

Que ce soit dans la profondeur de la forêt, où au détour d'une forge en activité, il y a quelque chose que je ressens dans chaque minute, chaque plan de Princesse Mononoké. Il s'agit peut être de l’œuvre de Miyazaki la plus engagée et la plus sombre.
Des têtes voles, des bras sont tranchés, et par dessus tout, le sang ne cesse de couler. Bien loin de ces autres œuvres qui me font voyager, ce chère Hayao a cette fois-ci décidé de raconter une histoire avec un ton bien plus grave et rend son ambiance bien plus pesante pour le spectateur.

Si j'utilise le terme «d'engagé» c'est parce qu'au travers de ce film, l'auteur souhaite faire réfléchir en montrant, depuis une époque différente agrémenté de beaucoup de fantastique, le mauvais traitement que les humains ont envers la nature. Difficile de ne pas rapidement faire le lien avec les événements qui se passe de nos jours autour de nous lorsque Miyazaki nous montre une humanité qui est obsédé par l’expansion de son territoire et de son profit, quitte a détruire la nature qui y est reine.

Princesse Mononoké, c'est l'histoire d'un conflit entre l’être humain et des animaux géants, des dieux et la nature en général, dont leur but sera de défendre leurs territoires. On y verra des sangliers, des orang-outans ou des loups. Mais au delà de cela, les conflits internes de chaque camp seront également de la partie.
Ce qui frappe dans ce film c'est que Miyazaki ne donne pas un camp gentil et un camp méchant.

Non, il y a rien de manichéen dans Princesse Mononoké et c'est un vrai tour de force de ce Ghibli. Un spectateur pourra autant défendre et comprendre les agissements des êtres humains qu'être touché par une nature épuisé, qui défend ses terres malgré la malédiction de la violence qui se répand sur les créatures. On pourra peut-être soutenir la cause qui est a nos yeux la plus juste, mais on pourra surtout considérer chaque protagonistes comme ayant ses propres raisons, qui expliqueront leurs agissements, quelque soit la gravité de leurs actes. A mes yeux, il s'agit ici d'une qualité indéniable de ce film d'animation, qui permet au récit d'avoir encore plus de profondeur et de nous prendre de court lorsque l'on s'attend à une nouvelle diabolisation (souvent mérité) de l'être humain.

Pour ce deuxième visionnage, je suis toujours un petit peu perturbé lorsque que je vois certains éléments visuels. Pour les animaux habité par un démon, il y cette texture poisseuse noire, qui prend souvent la forme d'un gros asticot qui se tortille dans tout les sens et que je trouve un peu trop exagéré. Je comprend tout à fait le choix artistique, mais je l'apprécie moins que dans Chihiro, qui mettait en place un élément du même genre avec le sans visage, mais qui prenait tout de même moins d'importance que dans Mononoké. Car ici, cette texture gluante et crasseuse fait clairement parti de ce qui identifie ce Ghibli, et de ce qui peut potentiellement marquer le public. Ma rétine aura été dérangé, ce qui est sûrement le but, mais de manière un peu trop forte me concernant. Mais pour le coup il s'agit vraiment d'une question de goût.

Il est temps d'en venir à la conclusion, et pour cela je serais concis : Mononoké n'est pas mon Miyazaki préféré, mais il a largement de quoi être le favori de beaucoup de spectateurs. Étant le plus engagé et le plus sombre, ce film de 1997 fait clairement parti des œuvres les plus importantes dans la carrière du grand Hayao, et il reste important de le voir pour tout fan de Ghibli.