Ah Virginie Efira ! On l’aime beaucoup en France, son parcours est souvent fait de très bonnes surprises que l’on apprécie et n’est surtout jamais linéaire. Comme en témoigne notre critique de Victoria, un film qui nous avait particulièrement impressionnés. Rares sont les projets déplaisants avec cette actrice ou qui laissent indifférents, en général sa simple présence, son aura donne une deuxième âme aux films. Alors forcément lorsqu’elle est à l’affiche d’un film, elle intrigue et attire ses passionnés. Il n’en faut parfois pas plus pour remplir les salles de cinéma et toucher du monde. Et encore une fois, ce long métrage prouve l’éclectisme dont fait preuve l’actrice en choisissant un rôle beaucoup plus profond pour un film dramatique pur.


Réalisé par Emmanuelle Cuau, Pris de court raconte l’histoire de Nathalie (incarnée par Virginie Efira), mère de famille de deux enfants dont le père est décédé quelques temps avant le début des événements du film. Nouvelle vie, nouvel environnement, nouveaux obstacles quotidiens, son fils ne parvient pas à trouver sa place dans ce monde nouveau. Malmené à l’école, il trouve refuge dans une amitié douteuse et très étrange. Lorsque le jeune garçon est pris de doute sur l’honnêteté de son ami, il est trahit par un manque d’honnêteté et de confiance de la part de sa mère. Lui qui cherchait une personne pour qu’on lui tende la main, il s’est raccroché à la seule chose qu’il semblait encore avoir, cette amitié très inhabituelle. Rapidement embrigadé dans une affaire qu’il ne maîtrise plus du tout, précisément à cause de cet ami inconnu, et considérant être trahi par sa mère, Paul (le fils, joué par Renan Prévot) s’enlise dans une affaire de corruption, de vol, de recel, de violence et de trafic de drogue dont il ne saura se tirer seul. En vérité, Pris de court raconte l’histoire d’un sale gosse dont la seule main que l’on aurait dû lui tendre est celle de sa mère pour lui donner une bonne claque.


Et le voilà le film qui devait faire tâche sur le CV de notre actrice fétiche. Il fallait bien qu’il tombe un jour, plus vite il arrive, plus rapide est la période de convalescence. Sous ses couverts de message sponsorisé par le ministère de l’éducation, la seule leçon qu’on en tire, c’est que les baffes éducatives ne sont pas une mauvaise idée. Il s’avère que le film se charge d’en mettre au spectateur pendant près de 1h30 tant il est ennuyeux. C’est bien simple, s’il y a UN personnage insupportable dans le cinéma français, c’est Paul. Un véritable Joffrey Barathéon sans le sadisme démesuré, un Cartman sans l’extravagance anti-sociale, bref le parfait cliché du sale gosse insupportable que les mésaventures de l’adolescence ne suffisent pas à pardonner. Paul est un personnage vide de sens et d’écriture. Sous couvert d’être uniquement élevé par sa mère et de changer radicalement de cadre de vie du jour au lendemain, on se retrouve avec le cliché ambulant de l’enfant torturé par rien du tout, qui se sent trahi à chaque fois que quelqu’un ne lui dit pas bonjour. Ajoutons à cela ses éternelles rébellions sans fondement, défiant une autorité inexistante pour se rattacher à elle sitôt que la vie montre les crocs. Et en face, Virginie dans le rôle de la mère la moins autoritaire du monde au point d’en devenir une vraie cruche. Seule avec deux enfants à charge, leur éducation s’avère fatalement compliquée, surtout quand l’un d’eux atteint l’adolescence. Inutile d’avoir fait spé psycho pour savoir qu’un enfant n’est jamais simple à éduquer surtout durant cette période, mais c’est aussi parce qu’on n’éduque pas ses enfants avec le même laxisme que lorsqu’on essaie de faire comprendre à son meilleur ami qu’il fait un mauvais choix de vie. Tout bonnement parce qu’un adulte comprendra ses erreurs de lui-même alors qu’un enfant nécessite justement qu’on l’ÉDUQUE. Le film ne parvenant pas à mettre correctement en relief ce manque d’éducation et plus précisément cette difficulté à engager la discussion entre parents et enfants de plus en plus présente chez certains jeunes. Dans un premier temps car il n’y a même pas l’ombre d’une volonté de la part de l’un ou l’autre des protagonistes de comprendre, de s’intéresser ou de rassurer l’autre. On dirait simplement deux personnes indifférentes ne sachant pas communiquer et essayant de se souvenir de leur rôle de mère et fils qu’au travers de leurs dialogues. Dans un second temps car l’histoire est globalement mal foutue. On ne sait pas vraiment comment les situations antérieures ont conduit cette famille à ce stade, nous empêchant d’être pleinement investis par leurs soucis. De plus, les événements qui les accablent sont relativement improbables et tournent en rond, donnant le sentiment que tout n’est que suite d’excuses pour essayer d’aboutir à une conclusion incohérente.


Le gros souci de ce film, en dehors de son scénario, de sa mise en scène, de son écriture hasardeuse, de la non profondeur de ses personnages et du jeu d’acteur pas toujours très bon en prime… Bref ce qui fait que ce film est un défaut en lui-même, c’est que son intrigue n’est pas faite pour durer autant de temps et n’a pas pour vocation d’être un scénario de cinéma. C’est un scénario de télévision tout au plus et plus précisément d’une série télévisée française. L’intrigue générale de ce film est à peine digne d’un épisode d’Une femme d’honneur, d’ailleurs, c’était l’un des plus mauvais de la série. En tant qu’intrigue plus que secondaire, on pourrait se dire que c’est vaguement possible car les événements resteraient discrets et incertains, mais en tant que récit principal, on n’y croit pas un seul instant, l’ennui nous emporte jusqu’à l’énervement de voir que le scénario s’emmêle dans une inconsistance si improbable que cela en devient presque une prouesse d’écriture. Heureusement que Gilbert Melki possède une prestance naturelle qui permet à son personnage de s’imposer et d’être crédible dans ce paysage incohérent. Même cette chère Virginie semble ne pas trop savoir ce qu'elle fiche ici.


Au final, on retiendra qu’il leur a fallu être 3 scénaristes et dialoguistes pour proposer quelque chose d’aussi bancal. Avec des dialogues incertains et sans pertinence couplés à une histoire à la fois inintéressante et qui tourne en rond, dont l’acte final est aussi risible qu’improbable.


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Notry
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le 23 févr. 2019

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