Critique de Prisoners par LuluCiné
Aux vues des avis positifs, je me lance dans un film que je n'avais pas prévu de voir au cinéma. Non pas que je sois hermétique aux faits divers, mais celui-ci avait un goût de déjà vu. Et en effet, il s'oriente dans ce sens, mais là où il tire son chapeau s'est dans la tension qu'il retranscrit parfaitement, par le doute qu'il égrène chez le spectateur comme chez le personnage de Hugh Jackman. D'ailleurs ce rôle lui sied bien et le change avec un registre plus humain qu'héroïque. Jake Gyllenhaal tire aussi avantage de son personnage blasé qui ne perd jamais espoir, sans forcément tirer sur la corde sensible.
Je reconnais que le film arrive à maintenir le spectateur dans un bon flux malgré ses 2h30, et je suis passée par plusieurs étapes d'enquête en mon fort intérieur. Cela étant il existe néanmoins quelques failles qui m'ont perturbées et qui compteront dans la bonne mesure de ma note.
Il y a des éléments scénaristiques qui sont tellement évident que je savais d’emblée qu'ils serviraient plus tard et j'ai rapidement résolu pas mal de mystère que la police a mis un certain temps à comprendre. Mais ne nous attardons pas sur les détails qu'un œil avisé sur le scénario peut reconnaître car il y a plus perturbant. Pour moi le mobile de ce fait divers ne tient pas la route et m'a laissé perplexe, alors que le film penche d'un côté sa fin bascule de l'autre. Je ne comprend pas ce que vient faire l'histoire du labyrinthe dans le film, et cela me gêne d'autant plus quand le scénario instaure explicitement des détails pour mieux noyer le poisson vers la fin. Bref je n'ai pas été convaincu par le comment du pourquoi.
Mais cela heureusement n'arrive qu'à la fin, car le film réussi à semer le trouble notamment avec le personnage d'Alex. On est sans arrêt ballotté entre l'idée d'une fausse piste et l'idée qu'on a relâché une personne essentielle à l'enquête. J'aurais voulut plus de dualité entre le père désespéré et le principal suspect.
Le film est tout de même très américain pour un réalisateur québécois, des personnages caricaturaux, Jackman en tête un brin patriote et près à casser la gueule à tout le monde ; des personnages secondaires inexistants : il y a deux familles plongées dans la tourmente mais seul un personnage est mis en avant. Et le thème de la pédophilie qui plane aux dessus de la ville, le prêtre toujours là où il y a des enfants, ceux-là ont décidément du mal à redorer leur image.
On sent qu'on essaye de faire passer le film pour Zodiac avec un semblant d’énigme labyrinthique, mais on est loin du tueur en série basé sur de vrais faits.
Le film est bien puisque je ne me suis pas ennuyée même si j'ai vu quelques ficelles, je n'ai pas tout découvert avant le grand final et j'aime plonger dans cette Amérique même si elle est caricaturale, l'ambiance est là, mais je reste sur ma réserve concernant le mobile bancale et la fin trop arrondie.