Quand un homme bien intégré dans la société contemporaine se retrouve à passer quelques jours dans une Zone A Défendre pour faire plaisir à son épouse, forcément le courant a du mal à passer avec la communauté d’idéalistes rebelles. Alors si en plus le reste de l’humanité est décimé par une pandémie foudroyante, laissant aux zadistes la charge de construire la société de leurs rêves, les choses ne vont pas aller en s’améliorant. Totalement atypique, Problemos fait partie de ces comédies inclassables comme La Personne aux Deux Personnes, ou Wrong Cops, dont on a du mal après coup à raconter la moindre vanne correctement, tant elles dépendent des éléments propres au cinéma. Ici, une alchimie réussie entre une histoire féroce et une réalisation absurde. Ainsi, si l’on s’en tient strictement à l’excellent scénario, on a affaire à une comédie noir qui développe le thème de l’Homme est un connard pour l’Homme. Personne n’est épargné : qu’ils soient débiles, veules, violents, égoïstes, arrogants ou un peu tout à la fois, les personnages en prennent tous pour leur grade. Leurs comportements les uns envers les autres, tout en coups bas et méchancetés, semblent tirer le film vers un pur concentré de misanthropie. C’est là que la mise en scène intervient, contrebalançant la noirceur du propos par une légèreté qui rend les situations plus drôles que grinçantes. Constamment baignées d’une belle lumière d’été, les scènes ont un parfum de colonie de vacances, quand bien même elles nous présentent deux personnages qui se balancent leur mépris à la gueule. La ZAD devient le terrain de jeu d’acteurs qui s’amusent à rendre leurs répliques plus folles qu’elles ne le sont, qui en articulant exagérément, qui en surjouant la stupidité ou en prenant l’air impertinent d’un enfant de 5 ans. Ils contribuent grandement à donner tout leur sel aux échanges cinglants et autres vannes. A la croisée des chemins du mauvais esprit et de l’absurde, Problemos est une comédie singulière et très drôle, qui vaut la peine d’être découverte !

IanCher
8
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le 11 juin 2017

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IanCher

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