« Pan-dé-mie. C’est pas pain de mie c’est Pandémie. C’est une PUTAIN de PANDEMIE. Mais t’es débile toi en fait ? Elle est débile, elle »


 Pas loin d’avoir adoré. Autant que la saison 2 de Platane, en gros. Je pense que je vais le revoir très vite.
L’histoire est celle d’un couple de parisiens qui passent voir un ami / ancien prof de yoga dans une communauté zadiste recluse dans un petit coin de campagne d’Ardèche s’élevant contre le projet de construction d’un parc aquatique. Ils vont d’abord tirer la tronche, puis y prendre goût avant de clairement plus pouvoir partir.
Ça aurait sans doute mérité un peu moins de gags et davantage de mise en scène, moins d’absurdités légères et davantage d’envolées sidérantes, mais on va pas leur redemander un Steak. Et puis Judor n’est pas Dupieux. Sous la plume de Blanche Gardin – autre humoriste en vogue – Judor va pourtant trouver de belles inspirations (et d’autres moins, comme la toute fin mais ce n’est pas très grave) et parvenir à saisir de façon singulière le paysage ardéchois duquel on ne sortira jamais. Il y aura des titres de chapitres bien loufoques qui ne serviront à rien. Il y aura des morts. J’avoue avoir été embarqué dans l’aventure.
Dans les petites satisfactions qui accompagnent la grosse satisfaction de voir une comédie française de ce beau calibre en 2017, je suis ravi d’y voir Mr Fraize, ailleurs que dans ses hilarants tutos dispos sur Youtube. Ravi aussi d’y voir Youssef Hajdi, qui apporte chaque fois un supplément de quelque chose au film dans lequel il se trouve – déjà formidable dans Vincent n’a pas d’écailles, par exemple. Il joue ici le gars à tout faire, évincé provisoirement de la communauté dès l’instant qu’il est possiblement contaminé. Il va alors se construire une cabane sur le fleuve à flanc de falaise, avec douche chaude et énergie solaire. Il est absolument formidable. Mais globalement toute la troupe d’acteurs est géniale et ça fait d’ailleurs du bien de voir autant de nouvelles têtes et des personnages aussi atypiques que l’adolescente dialoguant avec les arbres dans un confessionnal imaginaire, persuadée d’être à l’intérieur d’une télé-réalité. Chacun a un vrai rôle à tenir et sa propre histoire.
Ça fait quoiqu’il en soit du bien de voir une comédie qui tape sur « un groupe de personnes » en l’occurrence ici des bobos alter-mondialos, sans pour autant chercher à les récupérer coute que coûte, finalement dire qu’ils sont mignons, gentils, comme dans la plupart des comédies françaises aujourd’hui. Problemos se fiche alors du politiquement correct et par une astuce toute bête de scénario (la fameuse pandémie) engouffre le film dans une absurdité aussi contrôlée que réjouissante.
Et puis surtout, je trouve que c’est un film qui ne rit pas des écolos mais rit avec eux. Il y a quelque chose de très ouvert là-dedans, chaleureux dans le texte, les personnages, leurs défauts et l’absurdité qui émane de chacun. Sans que ce soit réconciliateur pour autant : Le film est dans son délire, jusqu’au bout.
JanosValuska
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le 10 févr. 2018

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JanosValuska

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