Eric Judor + Blanche Gardin = ? - réflexions à chaud

Je découvre (ou re-découvre peut être ?) Blanche Gardin de par son prix aux Molières de l'humour et son spectacle "Je parle toute seule", vu il y a quelques jours.


J'adore son style vivant et perturbant qui rend drôle des situations ou des contextes sans base humouristique première. Son regard franc et réaliste sur des sujets de société me touche, comme la femme et la sexualité ou encore la part de violence et de monstruosité de chacun (qui pour elle fait de nous des êtres humains, et je la rejoint là dessus).


Alors quand j'ai su qu'elle avait co-scénarisé un long métrage, je m'en suis réjouie d'avance.



Sauf que...Ben bof en fait. Mais alors, pourquoi ?




  • Est-ce la place qu'Eric Judor a pris dans le projet ?
    Car je suis souvent insensible à son humour qui est pour moi trop "gamin" voir volontairement "débile", et ça m'agace surtout. Certes, on peut se dire que les blagues de Blanche Gardin et d'Eric Judor se ressemblent, par le rire parfois malsain qu'elles peuvent engendrer. Je vois la cohérence d'une telle cohabitation mais je trouve qu'ils se cumulent plutôt qu'ils se complètent. Et ça donne un "trop" malsain sur certaines situations que l'on peut voir dans le film. Bien que j'ai pu rire sur une bonne partie, le petit trop gâche complètement l'ensemble et donne sur la fin une certaine incompréhension sur les choix scénaristiques et humouristiques.


  • Est-ce que ce n'est pas parce qu'on sait écrire un spectacle d'une heure et demi que l'on peut être scénariste ?
    Qu'on ne se méprennent pas, j'admire le courage et la volonté de se lancer sur un projet ambitieux qu'est un film de long métrage. De plus, je ne connais pas la deuxième co-scénariste et ses projets passés. Mais je pense que ce n'est pas abouti ici. Oui il y a de bonne idée, comme la reproduction inéluctable des rapports sociaux dans une communauté qui se veut révolutionnaire dans son style de vie. L'ensemble m'a fait pensé à un livre de Bernard Weber, Le papillon des étoiles où une partie de l'humanité quitte la terre dans un vaisseau spatial pour coloniser une autre terre (la notre étant en péril) et qui durant le voyage les hommes s'auto-détruisent. Au bout du chemin, ils reproduisent la genèse biblique avec deux survivants, s'appelant Adam et Eve.
    Mais lorsqu'on lance un noeud scénaristiques aussi gros qu'une pandémie...on aimerait que ce soit développé dans l'histoire, on ne s'en sert pas juste comme prétexte. Et quand un homme vient "hanter" quelqu'un responsable de sa mort et le faire culpabiliser, pourquoi pas ? Mais pourquoi vient-il parler à quelqu'un qui n'est pas responsable de sa perte ? Pourquoi un personnage qui semble être pacifiste et pas vraiment admis dans la communauté en vient à la défendre ? Pourquoi un personnage qui semble être assez intelligent avec une plutôt bonne compréhension des manipulations humaines devient complètement crédule ? Trop d'incohérences.



Pour conclure, j'espère sincèrement que le succès très mitigé de Problemos ne va pas empêcher Blanche Gardin de continuer à s'essayer au cinéma. J'ai moins peur pour Eric Judor dont on est habitué aux O.V.N.I cinématographiques et dont on pardonne plus facilement certaines maladresses.
Le film est ce qu'il est, pas exceptionnel ni transcendant. Pas non plus irréprochable, mais certainement intriguant.
Je pense que ce genre d'oeuvre est essentielle aujourd'hui en France, dont l'industrie cinématographique et surtout le style "comédie" sont beaucoup trop consensuels et aseptisés.


Une de mes répliques préférées :
"- Dans l'histoire des hommes, c'est à chaque fois la passivité, la sagesse, la non-violence...
- Faux faux faux faux, la non-violence, les mecs la choisissent pas, c'est pas un choix. C'est leurs corps que leur impose. Regarde, toi. "

Merchadoux
6
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le 29 juin 2018

Critique lue 418 fois

Merchadoux

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