Un chef-d'œuvre fascinant sur le thème de l'identité et du libre arbitre. Le film, malgré un style complètement différent, possède d'intéressants points communs avec un autre chef-d'œuvre du cinéma : Pierrot le fou de Jean-Luc Godard. David, comme Ferdinand, est un homme qui fuit l'inanité de son existence et son incapacité à communiquer avec autrui, ce qu'Antonioni, comme Godard, rendent admirablement dans la première partie de leur film. Il y a aussi une « belle américaine », un trafic d'armes et, dans les deux cas, la cavale de deux rêveurs immatures qui essayent vainement d'échapper à la mort, vainement car ils sont dans les deux cas déjà morts dès le début de l'histoire. La boucle est bouclée, comme en témoigne le fabuleux plan séquence final qui réunit justement dans une boucle tous les protagonistes de l'action, un des plus beaux plans séquences de l'histoire du cinéma. Notons que titre français est vraiment inadéquat. Le mot passenger signifie « voyageur, passager » mais il est aussi utilisé de façon péjorative dans l’expression « he’s just a passenger » qui signifie « il n’est vraiment qu’un poids mort », ce qui correspond assez à l’état du « héros », surtout dans la dernière partie du film.