Projet X par TheScreenAddict
Après le film de monstre (Cloverfield), le film d'horreur (The Silent House) ou encore le film de super-héros (Chronicle), le style tremblotant de la caméra subjective s'attaque au teen movie avec Projet X, objet filmique étrange, à la croisée improbable des déboires sexuels d'American Pie et de la folie destructrice de The Party de Blake Edwards (la classe en moins). Nulle trace de scénario à l'horizon (trois ados organisent une méga teuf dans l'unique espoir de tremper leur biscuit), Projet X, comme tous les autres essais du genre, s'inscrit dans la pure logique « amatrice » d'un found footage qui suivrait l'action en temps (presque) réel, se foutant royalement de toutes les règles relatives à la narration, au cadrage et au montage. Si certaines séquences parviennent à nous arracher quelques éclats de rire (nerveux ?) par leur charge absurde (un ex-militaire fou furieux excité du lance-flamme, un nain colérique et bagarreur enfermé dans un four) et même si l'ennui ne s'installe jamais, force est de constater que l'intérêt du film avoisine presque en permanence le niveau zéro de la création cinématographique.
Encore moins légitime qu'un 11 Commandements, qui avait au moins le mérite de ne pas masquer sa gratuité derrière une pseudo fiction, Projet X se révèle comme la définition même du fun dans nos sociétés actuelles : une gigantesque orgie de crétinerie aussi superficielle qu'éphémère, un cache-misère face au néant existentiel qui habite la jeunesse d'aujourd'hui, vivotant sans valeurs ni repères (le cul, l'alcool, le cul et... encore le cul). L'ambiguïté de la position du film par rapport à ce fléau – on pourrait y voir simultanément l'apologie et la critique bourrine de l'homo festivus – porte en elle la nonchalance tragique qui caractérise cette jeunesse bicéphale, écartelée entre son propre malaise et son besoin viscéral de divertissement décérébré. De ce point de vue, on peut dire sans ambages que Projet X est une sacrée réussite. Déjà vouée à l'oubli...