Le plaisir coupable de tonton Ridley
Nombreux ont été ceux qui ont attendu Ridley Scott au tournant avec ce qui s'annonçait comme une sorte de remake d'Alien... mais sans alien. Car il faut bien considérer que les proximités entre Prométheus et la saga des petites bestioles de Giger sont plutôt nombreuses. Ce sera au spectateur de s'adonner au jeu des sept erreurs. Pour faire bref, on notera un signal qui invite à un endroit paumé de la galaxie, un cyborg qui fout le souk, une héroïne qui se fait mettre en cloque d'une créature douteuse, les champs de stèles miniatures renfermant un danger... D'ailleurs, lorsque deux des explorateurs s'approchent imprudemment d'une des créatures gisant au milieu d'elles, on a envie de crier « Mais cours bordel, Va-t'en ! T'as pas vu Alien ou quoi ? » Mais non, forcément, il n'a pas vu Alien, puisque ce film s'achève sur un clin d'œil en guise de signal pour dire « Hé oh, voilà l'origine d'Alien ! » En commentaire composé de littérature, on appelle cela une conclusion ouverte, en critique cinématographique, on pourrait davantage parler de maladresse afin de raccorder deux œuvres dont les proximités n'était pourtant plus à démontrer.
Pour ce qui est du film en soi, Prometheus a toutefois l'avantage de chatouiller la rétine, surtout en 3D. Il n'offre cependant aucun rebondissement intéressant, les principales intrigues étant téléphonées (avec notamment, oh ben tiens, des extra-terrestres qui ne sont pas si chics qu'ils en ont l'air). Une scène demeurera cependant dans les annales, à savoir celle dans laquelle l'héroïne se fait faire une césarienne afin de retirer la mauvaise graine qui pousse dans son ventre. Aucun détail ne sera épargné aux spectateurs et il y a fort à parier que certaines âmes sensibles tournent de l'œil en la voyant. En somme, ce film de Ridley Scott est un peu ce à quoi les plus sceptiques s'attendaient, à savoir un divertissement pas mal fichu mais assez formaté. Comme si Scott avait voulu se faire plaisir en recomposant son thriller spatial culte avec les moyens de 2011.