Tout ça pour ça (Spoiler)
Un film qui s'est fait attendre suite aux désastreux spin-off "Alien Vs Predator" de notre bien aimé P.W Anderson. Ridley, bien décidé à nous faire oublier ces immondices, tente par le biais de ce "Prometheus" d'éclairer les fans sur l'énigmatique "Space Jockey", c'est à dire, plus simplement, l'extraterrestre ayant la poitrine éclatée au début du mythique premier opus de la saga "Alien". Au-delà du fait que le film traite de cette donnée inconnue et à juste titre (Pourquoi était-il là, le bonhomme ? Finalement ?), le réalisateur ambitionne, à travers son récit, à remettre en perspective notre rapport à la philosophie, au sens de la vie, à la religion et à la nature de l'humanité, ni plus ni moins ! Et finalement, quoi de mieux qu'un gros blockbuster des familles et d'une bonne 3D pour élever le débat ?
Oui bon, il est bien gentil Ridley mais je vois mal comment on peut transcender nos a priori via les pires clichés et poncifs du genre du cinéma de science-fiction/horreur ! Dès d'entrée de jeu, j'ai senti que le film allait m'énerver au moment où l'androïde se tape un film (j'avoue ne pas en connaître le nom) qui évidemment date des années 60-70. Eh quoi, en 2097, la culture n'a pas bougée pas d'un iota ? Toujours coincé dans le passé ? C'est tellement typique du cinéma américain ! Je comprends bien que notre référentiel actuel n'est pas forcément réjouissant mais bon sang, quel manque d'originalité !
Le plus énervant concerne surtout le manque de cohérence entre une situation présentée et la réaction des protagonistes qui est, parfois, aberrante. Une forme de vie qui montre des signes d'hostilités ? Allons ma mignonne calme toi, pas obligée de siffler comme ça ! L'androïde qui s'amuse à ouvrir les portes sans prévenir qui que ce soit, logique. Le pompon étant atteint avec le capitaine qui laisse le "géologue" et le "biologiste" (à part raconter des conneries, ils ne mobilisent pas trop leurs compétences les zouaves) livrés à eux-mêmes alors que bon, il y a des monceaux de cadavres et un signes bizarre indiquant une possible forme de vie (qui disparaît ==> problème technique, c'est évident !). D'ailleurs, aucun signe d'inquiétude de la part du capitaine à leur encontre (mais c'est rien les gars, tenez-vous au chaud et tout ira pour le mieux !) et qui s'en va tranquillement dans la cabine de la bonasse. Cela aurait pu être plus ou moins logique (les caméras semblaient déconner mais en fait non) mais est-ce vraiment suffisant pour ne pas laisser quelqu'un faire le guet (why so obvious ?) ? Personne ne pense à enregistrer les communications ? Personne ne pense à savoir pourquoi le signal a disparu (en écoutant les communications, comme ça, au hasard) ? Et il y en a beaucoup des comme ça !
En outre, comme dans beaucoup de huit-clos de cet acabit, on peut aisément prévoir à l'avance quel membre du casting va être bouloté tout au long de la séance. Le géologue punk, le biologiste n'ayant pas la foi, l'anthropologue peu sympathique envers l'androïde, la bonasse antipathique ou encore les seconds rôles assez inutiles, il est vraiment difficile de se tromper sur le devenir de chacun ! Comme si une espèce de déterminisme sociobiologique prédestinait les faits et gestes des acteurs. D'ailleurs, la fin est limite tendancieuse. L'héroïne sera la seule à être épargnée du fait qu'elle est gardée la foi jusqu'au bout (tout ce symbolisme quand même) ! Bref, on finit juste exaspéré par tant de bêtises, on ne s'attache pas aux protagonistes et on souhaite juste qu'ils crèvent tous dans d'atroces souffrances.
Cependant, la plus grande déception vient du traitement du centre de toute les convoitises de l'équipage (et de nous par extension), c'est à dire le Space Jockey. Il est dommage d'avoir attribué à celui-ci un lien de filiation aussi direct à l'espèce humaine, dans la mesure où ce postulat s'en retrouve finalement assez casse gueule. Le scénariste est forcément obligé de fournir des explications plus ou moins logique afin de conforter une certaine cohérence sur le monde qu'il tente de nous dépeindre. Mais avec une telle "ambition", les explications seront, pour ma part, toujours foireuses du fait qu'on doit amener une réflexion profonde et non superficielle, ce que le film n'arrive pas à faire. Et à part des extrapolations fournies par les protagonistes sur le but des installations découvertes sur la planète (arme de destruction massive pour annihiler l'espèce humaine), un grand flou persiste sur l'origine des "dieux" et leur raison. Peut-être qu'il n'y a pas d'explications particulières à fournir forcément (le but du cinéma grand public est de divertir avant tout) mais le reste doit rattraper le tout, et comme ce n'est pas le cas, on reste encore plus sur sa faim. De plus, un des principaux thèmes du film qu'est la capacité pour des créatures d'exprimer des sentiments, des envies et avoir une volonté propre, à l'instar de leur créateur, est à peine effleurée. Le postulat est posé et point barre, c'est un fait sur lequel on ne s'attarde pas trop (ou alors, il faut attendre la suite).
En somme, on ressort déçu du film, on se sent floué par la "superficialité" du récit du fait qu'il n'aboutit à rien d'exceptionnel. Heureusement, le rendu visuel est sympathique, pas de caméra épileptique, on s'ennuie pas forcément mais on ne peut pas s'empêcher de penser "tout ça pour ça".