Les bonnes idées ne font pas forcément de grands films


Jusqu'où iriez-vous pour avoir vos réponses?




Avant de commencer, crevons l'abcès



"" Je n'ai pas décidé de détester Prometheus ! Je suis un énorme fan de la franchise Alien et même si j'ai aimé certains de ses films plus que d'autres, il n'y en a aucun que j'ai trouvé mauvais. Sachant que je suis ouvert à toute nouveauté même si c'est aux dépens de certains personnages que j'adore, comme pour Alien 3 avec la perte brutale d'Hicks et de Newt que j'accepte malgré tout pour une nouvelle proposition.
Dans Prometheus, ce sont les nombreuses erreurs et incohérences tellement visibles qu'elles apparaissent en gros dans le cadre et sont impossibles à esquiver même en y mettant toute la meilleure bonne volonté du monde pour ne pas les voir, qui sont la cause de son échec à mes yeux.


Que Scott veuille mettre au second plan les Aliens pour proposer un autre segment avec les Ingénieurs est une excellente idée à laquelle je souscris totalement. Le problème vient du traitement de son récit qui est extrêmement bancale et grossier avec des facilités scénaristiques affligeantes. L'art à travers l'image telle de grandes peintures c'est super, je valide à 100%. Seulement, lorsque cet art prend le pas sur l'entièreté du film pour mettre au second plan tout le reste, cela pose problème, surtout lorsque celui-ci a bien du mal à dépeindre son intrigue avec des péripéties grotesques pour la plupart et des personnages décidément très très con.


Message biblique à coup d'antithèse sur la place de l'homme et du divin à travers l'image : je veux bien, mais pas au détriment du film tout entier. De plus, Prometheus ne répond (directement) à aucune question qu'il soulève (à moins de ce tapper les bonus pour comprendre ce que le film n'a pas réussi à expliquer). Fatalement, seule la scène d'ouverture du long métrage avec la création de la vie, apportera un semblant de réponse concrète (et encore pas tout à fait !). C'est tellement triste, que tout ceci transmet un sentiment très prétentieux sur l'attitude de Ridley autour de cette oeuvre. Entendons-nous bien, je n'ai clairement pas décidé de détester Prométheus, j'aurais adoré crier au génie, mais c'est le travail très approximatif de Ridley Scott qui est la cause de mon rejet, et non le fait que le film ne traite pas directement de l'Alien.


J'épargnerai autant que possible ma critique des autres défauts très connus et avec lesquels je suis totalement d'accord autour des choix stupides de ce film, autant dans les attitudes très con des personnages, que des éléments grotesques et burlesques amenant à la conception de l'expédition Prométheus, jusqu'à la création sans queue ni tête de l'Alien 2.0.""



De la poudre aux yeux



Prometheus est vraiment un beau film époustouflant à regarder. Le paysage est tout simplement immense et étendue, le travail autour des CGI sur les arrière-plans et la structure ainsi que le vaisseau Prometheus est resplendissant. Néanmoins, où est la corrélation dans tout cela ? On le sait Ridley n'a aucun respect pour les suites fait à son film original, pourtant, s'il y a bien une chose qu'ont merveilleusement réussie les cinéastes James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet (en plus de renforcer considérablement la mythologie de l'Alien), c'est de créer un rapport réciproque avec la technique de son univers. Tous ces réalisateurs à travers Alien, Aliens le retour, Alien 3, Alien : Résurrection et même l'excellent jeu vidéo Alien : Isolation que je conseille absolument, ont réussi à rendre une cohérence (au même titre que Villeneuve pour Blade Runner 2049, autre perle de Ridley) que Ridley Scott jette à la poubelle, démontrant ainsi qu'il ne mérite décidément pas que des cinéastes de talent reprennent avec beaucoup de respect et de corrélation son univers afin de créer une cohérence entre les films.


L'histoire de Prometheus se passe des années avant Alien premier du nom et pourtant la technologie du Pometheus va au-delà de tout ce que l'on a pu voir dans la franchise. Alors on pourrait me dire que c'est parce que le Nostromo est une vieille épave en comparaison du Prometheus, mais pour rappel Alien le retour se passe 40 ans après les premiers évènements, au même titre qu'Alien : Résurrection qui se passe 200 ans après Alien 3, et jamais on ne fait face à une telle technologie. C'est bien beau de vouloir montrer de jolis effets spéciaux, mais encore faut-il que cela enrichisse et ne nuise pas à la cohésion de la saga elle-même. Un peu d'effort tout de même ! De la poudre aux oreilles également vu qu'on aura eu droit à l'excellente partition d'Hans Zimmer avec son titre phare strident que durant les trailers du film. Fallait le faire !



Des personnages absents de développements



17 personnages c'est ce que compte l'équipage du Prometheus. Tant de personnages tellement superflus pour la plupart dont on ne retient même pas les visages et qu'on n'a nullement appris à connaître, ce qui a pour conséquence une empathie égale à zéro à leur égard, rendant donc logiquement leurs morts anecdotiques. Mais où est donc passé le Ridley Scott ayant habilement mis en scène sept personnages formidables avec son film Alien le huitième passager ? Après plus de 40 ans, je me souviens encore de chacun des membres du Nostromo, des personnages dont je me souciais, me rappelant de leurs visages, leurs noms, leurs personnalités et d'une séquence marquante pour chacun d'eux. Et qu'on ne me dise pas que c'est parce qu'il y a trop de personnages dans Prometheus, car James Cameron dans Aliens le retour met en avant plus d'une vingtaine de personnages avec beaucoup d'entre eux étant marquant et travaillé, qu'on se rappelle encore aujourd'hui, comme : Ripley, Newt, Hicks, Burke, Bishop, Vasquez, Hudson, Apone, Gorman... Même Jean-Pierre Jeunet réussit l'exploit. Lorsque l'un des 7 membres du Nostromo meurt (au même titre que les personnages de Cameron ou de Jean-Pierre Jeunet), l'acte a un impact fort sur le spectateur. Dans Prometheus, cet impact est peu présent, seulement pour 3 personnages. 3 sur 17 c'est peu.


Le Dr Elizabeth Shaw incarné par Noomi Rapace est le personnage central du film avec David incarné par l'excellent Michael Fassbender qui ici n'est pas encore totalement devenu Shakespearien, en faisant des tonnes à l'écran. Le duo est intéressant, seulement tout comme l'entièreté du film, Ridley ne va pas au bout des choses avec eux. Shaw est une illuminée qui finalement le restera jusqu'au bout avec une résultante un peu plus amère mais la foi est dure et n'ébranle point les convictions de la belle. Je ne sais pas si je respecte où trouve complètement idiot le fait qu'elle décide de croire en une chose dure comme fer, uniquement par la foi et un dessin contre un mur. Influençable la petite, les sectes ont dû s'en donner à coeur joie avec elle.
Quand à David... David... mais que veut David ?... bein il faudra attendre la suite pour comprendre un peu mieux, même si sa relation avec Shaw restera à jamais vague. J'aime bien ce personnage énigmatique qui malheureusement ne va pas assez au bout des choses dans ce film. Le troisième personnage dont je n'ai pas retenu le nom, mais au moins son passage à l'écran est Holloway, un autre illuminé qui forme un couple avec Shaw et qui ensemble feront un beau bébé poulpe blanc, que c'est mignon. Bien qu'il ne soit pas un personnage marquant, on apprend au moins à s'y intéresser. En tout cas bravo à eux, avec leur thèse (c'est David qui dit le mot thèse) des Ingénieurs ils ont réussi à faire lâcher au vieux Weyland 1000 milliards de dollars.


Oui, effectivement, on a droit à l'excellente comédienne Charlize Theron dans le rôle de Meredith Vickers, ainsi que le génial Idris Elba dans le rôle de Janek, mais cela s'arrête là. Si je me souviens d'eux c'est uniquement à cause du statut de ces comédiens. Quoique le personnage de Charlize Theron marque tristement ce film avec l'une des morts les plus hilarantes qui soient, c'est dommage pour elle. Si à la place de Vickers et de Janek on aurait eu droit à d'autres comédiens moins connus pour les incarner, il serait clair qu'on ne retiendrait absolument rien de leur présence, hormis la petite séquence légèrement amusante de la drague. Ils ont eu si peu de développement et de motivation pour leur présence qu'il est impossible de créer un lien avec ceux-ci. Quant au reste de l'équipage c'est le néant absolu, certain prouve plus leurs conneries que d'autres (même chez les 3 personnages principaux), mais dans l'ensemble il faut reconnaître que c'est une belle équipe de bras cassé, encore pire que celle de The Predator. 1000 milliards pour de tels incompétents, comment prendre sérieusement une seule seconde cette équipe qui passe pour des novices. En même temps, je suppose que si l'équipe aurait su au moins pourquoi ils étaient engagés, ils auraient pu prendre leur disposition à temps. Vraiment ils sont incompétents du début à la fin et ne font que des choix illogiques, si encore il s'agissait que d'une ou deux erreurs, mais là c'est vraiment constant.



Alien Resurrection, ""dame le pion"" à Prometheus et Covenant



L'expérimentation du genre humain qui à travers ses créations immorales créera ce qui sera à l'origine de sa propre extinction avec le synthétique David, est déjà-vu à travers les personnages : "Call" le droïde, ainsi que "8", clone de Ripley. Eh oui, David n'est pas le premier synthétique à s'émanciper du genre humain. Il ne faut pas oublier Annalee Call incarné par Winona Ryder faisant partie des Auton : des synthétiques conçus et fabriqués par d'autres machines qui se sont émancipés des hommes pour suivre leurs propres voies et qui ont étaient réduit à néant lors de la tentative de révolution. En cela Call est dramatiquement riche et nuancée, amenant un contraste tellement vaste sur ces croyances (elle croie en Dieu alors qu'elle est un synthétique), voulant sauver l'imperfection des hommes de leur propre destruction malgré tout, là où David veut les réduire à néant car imparfait en devenant Dieu lui-même et en créant sa propre engeance.
Un conditionnement également vu avec "8" le clone de Ripley qui crée sa propre lignée avec le nouveau-né. "8" qui représente aux yeux de son créateur, la perfection qu'il met à son service et qui sera à l'origine de sa propre destruction. Tout comme avec David et ses créateur. Comme les scientifiques d'Alien Résurrection : à se prendre pour Dieu, Ridley s'est bruler les ailes, et Jean-Pierre Jeunet n'a pas eu besoin de faire un film extrêmement lourd en idéologie religieuse et autres contextes christiques avec un personnage hautement Shakespearien qui en fait des tonnes (dans Covenant) pour véhiculer le même message que celui-ci.


CONCLUSION :


Avec Prometheus Ridley Scott met en place un film ayant une portée bien trop large pour ses épaules. Le cinéaste est clairement tout du long dépassé par le nombre important d'éléments que le film essaye difficilement de mettre en place. Vouloir présenter le paradoxe de la vie, avec le sens du genre humain et de la divinité dans un schéma confrontant l'évolution à la création, où la religion semble avant tout maître de tout même de la logique, c'est bien beau, mais encore faut-il réussir à prendre le temps de finaliser et de développer chacun des points. En définitive, Prometheus est tellement encombré de trop de messages autant dans le fond que la forme, qu'il oublie de traiter le plus important et de démêler l'esprit prétentieux de Ridley qui préfère avant tout se centrer sur les aspects religieux et visuel plutôt que de ressortir un récit structuré, avec des personnages cohérents et une intrigue réfléchit. Tellement mêlé dans l'esprit du cinéaste qu'il faut regarder les bonus pour comprendre ce que le film voulait présenter. David à fait erreur en disant que : "Les grandes choses ont de petits commencements", car pour la saga Alien le commencement fut très grand pour finir tout petit avec Prometheus.


Ridley Scott qui n'y est pas allé de main morte en salissant le travail des trois autres réalisateurs ayant magnifié son oeuvre de base sans insulter pour autant son travail, ferait bien de se modérer car son film n'est clairement pas à la hauteur de l'attente, même si les bonnes idées sont bien là.



Je ne sais pas, mais c’est ce que je choisis de croire.


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le 17 oct. 2020

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