A l'origine

Un couple d’explorateurs (Noomi Rapace et Logan Marshall-Green) découvre un même pictogramme sur des fresques antiques de civilisations qui, a priori, n’ont eu aucun contact entre elles. Ils y voient la preuve que l’humanité a été en contact avec des extraterrestres dès ses débuts, des extraterrestres qui seraient à l’origine de l’humanité… Ce pictogramme mystérieux représentant une constellation très éloignée, le milliardaire Peter Weyland (Guy Pearce, au maquillage plus que discutable) finance une expédition pour aller à la rencontre de ces extraterrestres créateurs, sur la planète définie par le pictogramme. Mais ce que les scientifiques vont trouver sur cette planète ne correspond pas vraiment à ce qu’ils pensaient y trouver…

Face au succès planétaire que connurent Alien, le huitième passager et ses suites, de qualité inégale, il était impensable que Ridley Scott ne revienne pas à l’univers qu’il créa en 1979. Malheureusement, il s’est passé beaucoup de choses depuis 1979 dans le monde du cinéma, et particulièrement dans celui des effets spéciaux. De son côté, Ridley Scott est aussi devenu un réalisateur de blockbusters dont on attend généralement en premier lieu du grandiose et de l’héroïsme. Tout cela explique sans doute la fracture qui existe entre le premier volet, et cette préquelle, dont la débauche d’effets spéciaux tranche avec la sobriété qui faisait du film originel un chef-d’œuvre du cinéma de science-fiction.
Ici donc, de chef-d'oeuvre, point. Ridley Scott applique en effet les canons du film de science-fiction contemporain, et le fait sans trop de recul, ce qui fait de Prometheus un film d’exploration spatial pas vraiment original, d’autant que la surenchère dans les effets spéciaux (qui donne tout de même au film un souffle épique plutôt bienvenu, il faut le reconnaître) pousse le réalisateur à trop nous en montrer, là où la suggestion aurait parfois été préférable

puisque une grande partie de stress en est évacuée… Cela dit, Prometheus reste l'oeuvre la plus accomplie de la saga sur le plan visuel, promettant entre autres une immersion réussie, et reste un plaisir pour les yeux.
En outre, les clins d’œil à Alien fonctionnent pour la plupart, et on se laisse volontiers emporter dans l’ambiance spatiale qui n’en est pas moins réussie, Ridley Scott restant après tout un grand nom du cinéma contemporain. Mais si le scénario garde une discrétion sur bien des points qui lui fait honneur, laissant le spectateur avec un grand nombre de questions auxquelles on aimerait certes avoir des réponses, mais auxquelles il est sans doute plus sage de ne pas répondre, il emploie tout de même de certaines grosses ficelles (les extraterrestres créateurs des humains, vraiment ?) ou de certains détours inutiles qui alourdissent le film

et donne l’impression que plusieurs éléments ont échappé à la rigueur et à la vigilance de Ridley Scott.
On peut donc apprécier un film qui reste captivant par son récit, sa mise en scène ample permise par la superbe photographie de Dariusz Wolski (mise en scène soulignée par le ton noble et grandiose de la partition de Marc Streitenfeld) et son sens du spectaculaire, mais on n’en sort pas avec l’impression d’avoir vu un monument du cinéma de science-fiction. Tout au plus un bon divertissement. Et finalement, quand on y pense, c’est déjà pas mal.