Il y a plusieurs façons de rater un film.
Dans la vaste palette du gâchis, la voie qu'emprunte Promised Land est originale.
Le plus souvent, on regrette les errements, les manquements, la facilité coupable, le parti-pris abscons, l'ellipse malheureuse, le raccourci douteux.
Rien de tout ça ici.

Gus Van Sant et son film, c'est l'archer qui prouve à l'entrainement qu'il est capable de tirer 10 fois de suite dans le cœur de la cible pour, une fois que ça compte, nous faire un joli 5, exprès. C'est Pollock qui recouvre sa dernière toile d'une couche noire opaque. C'est Jimi Hendrix qui, avant d'attaquer son grand solo, met des moufles. C'est Usain Bolt qui s'aligne au départ du 100 mètres pour se lancer à cloche-pied.
Bref. Vous voyez le genre.

Amère thune

Parce que voyez-vous, le film mise pendant 95% du temps sur votre intelligence.
Il impose un couple d'anti-héros suffisamment complexe pour rendre l'histoire intrigante. L'opposition qu'ils rencontrent est sérieuse et le film emboîte une série de scènes qui, sans être intégralement convaincantes, n'en rendent pas moins l'ensemble agréable, classiquement monté, et sagement filmé.

Du coup, le coup du final fout pourri (tellement classique par ailleurs qu'il en est devenu traditionnellement inoffensif -j'ai pris l'habitude de noter des films indépendamment de leurs cinq dernières minutes-) prend ici une portée dramatique. L'espèce de twist final misérable et lénifiant devient la négation absolue et complète de tout ce qui précède.

Désamorcé, vidé de toute substance en quelques secondes, on ne sait plus, soudain, de quoi parle l’œuvre de Van Sant. Le propos se réduit à un discours simpliste alors qu'il essayait de puis le début de tourner le dos à ce défaut majeur, alors même qu'il faisait même d'une certaine complexité son thème principal.

Aussi incompréhensible que rageant.
Non éco logique.
guyness
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Dépaysant comme des paysans

Créée

le 15 sept. 2013

Critique lue 1.3K fois

35 j'aime

15 commentaires

guyness

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

35
15

D'autres avis sur Promised Land

Promised Land
Bidoudoume
5

Guimauve.

Pourquoi ? Merde..pourquoi ? Y'avait du bon, du très bon même.. Grâce à de magnifiques plans, de sublimes paysages du Nord-Est des Etats-Unis, Gus Van Sant aborde très justement certains fardeaux de...

le 27 avr. 2013

30 j'aime

3

Promised Land
Jambalaya
8

Bon Sant ne saurait mentir !

Pour son quinzième long métrage, Gus Van Sant s’engage et prouve à qui veut l’entendre que non content d’avoir de plus en plus de talent, il est capable de mettre ce talent au service de plusieurs...

le 6 avr. 2013

28 j'aime

18

Promised Land
tibekamer
5

Sans saveur

Un Gus Van Sant qui ne filme pas à la Gus Van Sant, ça donne quoi ? Et bien pour être franc, quelque chose de plutôt mauvais. Fini des plans magnifiques, fini les plans séquences, fini la...

le 15 mars 2013

16 j'aime

1

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

314 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

296 j'aime

141