J'imagine que c'est le type de film qu'on adore ou qu'on déteste. Comme souvent dans ce cas, je me situe au milieu. J'ai beau avoir eu beaucoup de mal à pénétrer dans cet univers unique, lorsque je m'y suis fait le charme a un minimum opéré. C'est qu'en nous proposant une narration révolutionnaire, Alain Resnais nous déconcerte un bon bout de temps, avant de nous séduire pour plusieurs raisons. D'abord, celle extrêmement inventive et gratifiante de nous donner l'impression qu'une œuvre est en train de se construire devant nous. Personnages, dialogues, situations, décors... Le cinéaste n'hésite pas à explorer les infinies possibilités que lui offre un tel concept, si bien qu'on ne sait jamais où « Providence » va nous emmener, sentiment éminemment agréable.
Cette sensation d'être littéralement plongé dans la tête d'un écrivain a quelque chose de vivifiant, comme si nous participions activement à ce qui est en train de se construire. Après, cela reste un cinéma très cérébral, au point que j'ai parfois vraiment décroché d'un long-métrage restant très « intellectuel », pouvant presque s'apparenter à de l'élitisme voire à de la prétention. Reste que l'expérience est assez unique en son genre, déconcertante, un peu ennuyeuse parfois, mais aussi stimulante et même assez brillante (quelle virtuosité technique!), hantée par la mort et les camps d'extermination... Difficile d'accès donc, mais enrichissant.