Le canadien Steven Kotanski continue son petit bonhomme de chemin dans le cinéma de genre et après le très Carpenterien The Void et le fort sympathique retour du Leprechaun le voici qui s'attaque à la nostalgie eighties avec Psycho Goreman. Un film qui semble être le curieux chainon manquant entre une production Amblin et un film Troma.


Rendez vous donc dans une petite ville américaine dans laquelle Mimi et son frère Luke vont exhumer une créature extra terrestre enfouie sur et sous terre par une ligue intergalactique depuis de nombreuses années. Les deux gamins vont aussi trouver une sorte de pierre précieuse servant à contrôler la créature extra terrestre et permettant d'en faire à la fois un ami, un allié et un jouet.


Dans la mesure ou l'on s'en tiendrait vaguement à son simple pitch de départ Psycho Goreman ressemblerait presque à un ersatz de E.T. , mais Steven Kotanski va bien sûr prendre un évident plaisir à pervertir ses éléments pour nous livrer un film à la fois très drôle, très référentiel et assez gore. L'époque durant lequel se déroule l'action du film ne sera jamais clairement montré à l'écran, mais l'ambiance sera résolument très eighties avec grosse TV à tube, absence de portables ou de nouvelles technologie et niveau effets spéciaux un refus des effets numériques donnant au film une bonne patine à l'ancienne. Comme dans bon nombre de productions Amblin de l'époque les héros seront deux enfants apprivoisant un monde fantastique au départ à l'insu des adultes, sauf que cette fois ci vous pouvez oublier les gentils gamins positifs car Mimi l'héroïne de onze ans est une véritable peste insupportable et tête à claques qui martyrise et humilie son frère tout en voulant faire vivre tous ses proches et amis à sa botte de mini pétasse hystérique et autoritaire. Quant à l'extra terrestre on est encore une fois bien loin d'un gentil alien aux gros yeux tristes qui souhaite téléphoner chez lui puisque on aura affaire ici à un guerrier ultra violent venu de la planète Gigax et dévoreur d'univers. Fatalement ce guerrier impitoyable se retrouvant télécommandé par une peste égocentrique et narcissique qu'il rêve secrètement de réduire en bouillie donnera lieue à de nombreuses situations assez drôles. A ces éléments viendront s'ajouter aussi un conseil intergalactique de créatures foutraques semblant sortir d'un sentaï japonais et qui apprenant le retour de ce dangereux guerrier va envoyer quelques représentants sur terre afin de tenter de l'exterminer. Du coup l'ensemble nous donne un joyeux bordel dans lequel se télescope des éléments de pure comédie comme un mini clip dans lequel le psycho goreman joue de la batterie et se retrouve à faire des essayage façon Pretty Woman et des instant de pur bis avec des créatures bizarroïdes ou des flics avec la tronche à moitié fondue.


Psycho Goreman est peut être un peu plus con qu'il n'est intelligent mais le film de Steven Kotanski tient plutôt bien la route avec un bon équilibre entre ses aspects les plus divertissants et ceux plus rentre dedans et plus gore. Il faut saluer la très bonne direction d'acteurs avec en particulier la jeune Nita-Josee Hanna génialement insupportable et dans le rôle d'un père complétement amorphe, lâche et démissionnaire Adam Brook vu dans The Editor ou Father's Day. Niveau horrifique le film n'est pas outrageusement gore mais il sent franchement bon le latex, la mousse et les heures de maquillages et certains effets sont assez impressionnant comme lorsque le Psycho Goreman dévore ses victime en ouvrant une gueule béante ou complétement barré comme lorsque le malheureux copain de Mimi se retrouve transformé sous la forme d'un énorme cerveau avec deux gros yeux . Plutôt que de bêtement singer les productions des années 80 , Steven Kotanski semble avoir tout mis dans un blender pour en sortir un smoothie de saveurs entre Amblin, Terminator, Troma, les Sentaï, le space opera et Wishmaster. Le côté décalé et irrévérencieux du film fonctionne parfaitement et sans le moindre temps mort jusqu'à un final délicieusement cynique et incorrect.


Steven Kotanski confirme qu'il est un réalisateur à suivre et un bonhomme capable de se fondre dans différents univers avec une même sincérité et une même générosité et Psycho Goreman est à cette date son meilleur film signe qu'en plus le bougre progresse.

freddyK
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le 31 janv. 2022

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