Psycho-Pass, le film
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Psycho-Pass, le film

Long-métrage d'animation de Naoyoshi Shiotani et Katsuyuki Motohiro (2015)

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Attention, cette critique révèle un élément de l’intrigue assez évident mais qui pourrait ennuyer ceux particulièrement sensibles aux spoilers.

Nous sommes en 2016 et Psycho-Pass reste l’une des rares franchises cyberpunk de ces dernières années qui a su réunir suffisamment d’ambition et de talent pour ne pas mourir comme un feu de paille, bien que la brillance de sa flamme, que ce soit dans son fond ou sa forme, divisera les opinions. J’ai certainement déjà fait part de la mienne et après une deuxième saison mitigée, peut-être étiez-vous comme moi sur le qui-vive concernant ce nouveau film. Avec le retour de l’équipe et du studio à l’origine de Psycho-Pass, ce long-métrage est-il un retour en grâce ou une chute définitive dans l’abysse ?

La réponse est... pas tranchée, car si ce long-métrage s’avère dans l’ensemble très agréable à regarder, et que le retour aux sources se fait bien sentir, il donne aussi un certain goût de tentative manquée, ou plutôt d’une approche narrative qui me laisse, comme lors de la première série, une impression un peu mitigée.

Ce sentiment persistant est d’autant plus gênant que j’aime beaucoup Psycho-Pass : son style cyberpunk entre noir et dystopie, son esthétique travaillée, ses idées intéressantes et les thématiques abordées. Rien de mieux alors, que de voir le film commencer par aborder un nouveau pan de son univers, en exportant le système Sybil en dehors du Japon. En effet l’action se passe ici principalement au Cambodge, qui décide d’adopter le Big Brother nippon pour mieux affermir son régime autoritaire. Vu ce que nous savons sur Psycho-Pass, les implications sont terribles à tellement d’égards que l’on ne peut qu’être emballés et impatients de voir se dénouer les différents embranchements du scénario.

Un point intéressant en particulier est le changement d’un type de société à un autre, une transition qui est symbolisée par la ville de Shamballa, où sont introduits petit à petit une population en proie à la guerre civile et à une violence répandue. Etant donné que le Psycho-Pass est basé sur le coefficient de criminalité, le procédé n’est pas indolore et les complications amenées en ont fait le sujet le plus fascinant du film pour ma part. Oui le thème reste à l’arrière-plan et une grande part est laissée à l’imagination mais les événements au sein de Shamballa, en plus de servir d’indices intelligents quant à l’intrigue du film, donne lieu à une atmosphère particulièrement réussie où havre de paix et sentiment de malaise se côtoient. Le chaos présent en dehors de la ville est tout autant parlant et permet de donner un aperçu quant aux événements qui ont conduit à la création du système Sybil en plus de donner une perspective plus concrète quant aux motivations d’Akane.

Ce thème, qui reste donc assez mineur dans le film, représente bien sa première partie : tout en dialogues, en exposition et en détails. Même si pour certains tout cela se résumera à une introduction poussive, j’ai personnellement pris mon pied dessus. C’est cette approche et ces petites touches, comme la scène entre Akane et les fiançailles de son amie montrant le bonheur apporté par Sybil pour le Japonais moyen, qui aident à construire une narration plus équilibrée, et une immersion bien plus grande.

Mais voilà, arrivé à la deuxième partie du film, commençant par la pire séquence d’engrish de l’Histoire, Shamballa et le joli blabla s’effacent pour laisser place à un fil conducteur plus énergique, basé sur une enquête menée par Akane au sujet des insurgés cambodgiens et de Kougami. Au risque de paraître méprisant, il me paraît peu utile de s’attarder sur cette partie de l’intrigue, qui sert surtout de prétexte aux retrouvailles du duo principal. Attention, cette seconde moitié du film n’est pas mauvaise en soi: la dynamique entre Akane, nouvelle badass en titre depuis la deuxième saison, et Kougami, homme d’action hanté par un déterminisme truculent, est un plaisir à revoir. L’amour d’Urobuchi pour le kung-fu donne aussi lieu à des séquences de combats distrayantes et le rythme est suffisamment mouvementé pour ne pas avoir le temps de s’ennuyer. Cependant, par rapport à la mise en bouche le précédant, le plat de résistance s’avère pimenté mais sans consistance, enrobé par des enjeux aux résultats décevant ainsi que que par des antagonistes oubliables et déjà oubliés.

En conséquence, la résolution finale peine à faire illusion et on regrettera le peu d’attention donné à la conclusion. A vrai dire, ces aventures au Cambodge s’avèrent être au final un arc narratif très fermé, aussi facultatif que la deuxième saison on pourrait dire, ce qui amène à une légère déception vu son potentiel.

Au niveau de la forme, on peut dire que cela fait plaisir de voir Psycho-Pass sous l’effet d’un budget long-métrage. La différence se fait sentir tant au niveau des scènes d’action, qui sans être extraordinaires sont toutes finement réalisées, que du chara-design. C’est d’ailleurs un plaisir à voir Akane constamment bien dessinée. Le paysage cambodgien s’avère également agréable à regarder, même si le rendu 3D (?) de certaines structures est assez bizarre par moments. Psycho-Pass nous revient donc visuellement réussi et pour un film du genre je pense que cela reste un argument de vente non négligeable. Un point beaucoup moins flatteur en revanche sont les nombreuses séquences d’engrish, qui sans être insoutenables virent parfois au dantesques, au point que j’envisagerais sérieusement de changer de langue pour ces scènes lors d’un second visionnage (tousse ou mieux encore, de se procurer la version d'internet mixant élégamment les dialogues japonais/anglophones tousse)

Au final, même si le film Psycho-Pass ne laissera pas une empreinte inoubliable, nous avons droit à une oeuvre bien réalisée qui devrait plaire à la plupart des fans de la franchise en quête d’un film d’action distrayant avec quelques bonnes idées et un synopsis alléchant mais peut-être pas assez exploité.

Skidda
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le 24 août 2023

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