Il n’y a pas un, mais deux films. Le premier raconte l’histoire d’une employée modèle qui vole 40.000 dollars à son patron afin de permettre à son amant d’éponger ses dettes. Elle quitte la ville avec l’argent et prend la route pour retrouver celui qu’elle aime. Le mauvais temps lui fait perdre la route principale, et elle décide de s’arrêter dans un motel pour passer la nuit. Elle est reçue par le gérant, le jeune et timide Norman Bates.

Cette première histoire se termine alors, pour laisser place à la suivante, que l’on connaît. La scène de la douche, la maison, tout est réalisé de manière à ce que le spectateur soit à la fois témoin et complice de ce qui se passe. La scène où Norman Bates enfouie la voiture de Marion dans le marécage illustre parfaitement la démarche d’Hitchcock. La voiture disparaît tout doucement sous les yeux de Norman (et sous les nôtres) et soudain, ne bouge plus. Elle reste visible. On est alors à la fois embêté pour Norman, et on se réjouit aussi qu’il ne s’en tire pas aussi facilement. Mais après quelques secondes, la voiture se remet à couler, puis disparaît. C’est presque comique. On sent Hitchcock qui s’amuse avec les sentiments du spectateur. Un peu comme dans « Frenzy », où l’une des victimes du tueur à la cravate, une fois morte, tire la langue et devient ridicule. Un instant de pure ironie, de pur délire, qui succède à une scène terrifiante et mythique.

La seconde histoire est celle de Norman Bates. Marion, que l’on commençait à connaître et que l’on s’apprêtait à suivre jusqu’à la fin du film, disparaît et ne revient plus. Le film passe du simple délit, au meurtre, puis à la folie. Et de nouveau, le spectateur reste impliqué, Hitchcock faisant progressivement monter son angoisse jusqu’au dénouement final.

Enfin, on pourrait considérer que la scène dans le commissariat constitue un troisième film dans le film. Celui où quelqu’un nous « explique » qui est Norman Bates. Les trente dernières secondes du film sont effroyables. Cette voix de vieille dame haineuse glace le sang du spectateur, car il est le seul à l’entendre. Le terrifiant secret de Norman Bates devient alors le nôtre.
AlexLeFieutard
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le 29 juil. 2012

Modifiée

le 31 juil. 2012

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AlexLeFieutard

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