Maman n'est pas dans son assiette.

Véritable choc cinématographique en son temps, son réalisateur Alfred Hitchcock s'extasiait pourtant à affirmer que son seul objectif consistait à « faire passer un sale quart d’heure au public ». Si il fallait remonter dans le temps, « Psychose » est peut être le premier film qui aura fait courir ses spectateurs sous leurs sièges. Car, et il faut le dire, ce véritable coup de maitre est probablement l’un des films d’horreurs les plus brillants jamais réalisés. Hitchcock, à la seule aide d’un petit budget et d’une équipe réduite, offre non pas seulement une plongée angoissante dans une Amérique reculée, mais aussi un portrait psychologique implacable et véritablement terrifiant. Il maitrise à la quasi perfection son univers visuel : reflet, ombre, la structure est au final très ludique et surtout d’une cohérence sidérante entre la musique qui tient du génie, les ombres envahissantes, l’atmosphère morbide, l’interprétation vulnérable de Marion Crane par Janet Leigh et Anthony Perkins très étonnant dans le rôle qui fait et détruit sa carrière. Hitchcock quant à lui est ni plus ni moins au sommet de son art. Ici le suspens rime avec la chair en pleine putréfaction, lacérée par les coups de poignard, l’habilité des effets sonores , les crissements des violons, et de la mise en scène. Le réalisateur de « Vertigo » aura même l’audace de faire tuer son héroïne au bout de quarante minutes de film, et vient le douloureux passage ou Norman Bates devient le personnage principal dans un tour de magie des plus cruels. Car c’est à cet instant, et seulement à cet instant, que nous prêtons allégeance à un tueur schizophrène… De quoi retourner sous notre siège.

Kiwi-
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 4 avr. 2015

Critique lue 632 fois

31 j'aime

3 commentaires

Critique lue 632 fois

31
3

D'autres avis sur Psychose

Psychose
Kobayashhi
9

Allez à la douche !

Parfois il faut s'y prendre à plusieurs reprises pour voir ce qu'une œuvre a dans le ventre. Surtout quand celle ci est sur-vendue, associée à une pléiade d'hommages et parodies diverses et variées...

le 26 mai 2014

110 j'aime

Psychose
Sergent_Pepper
9

“We all go a little mad sometimes”

L’incursion d’Hitchcock dans les abîmes de la perversité est une réussite magistrale. Alors qu’on aborde des sujets complexes et retors, c’est par une certaine économie de moyens que la construction...

le 5 juil. 2013

103 j'aime

22

Psychose
SanFelice
10

Vertigineux

Il est bien entendu absolument absurde de vouloir écrire une critique intéressante au sujet d'un film sur lequel tout a déjà été écrit depuis des décennies maintenant. Je vais donc me contenter, non...

le 7 juin 2014

62 j'aime

16

Du même critique

Mademoiselle
Kiwi-
9

Édulcorée(s).

Déjà reconnu pour ses incursions dans le domaine du thriller machiavélique diaboliquement érotique, Park Chan-Wook s'aventure avec « Mademoiselle » dans un film de manipulation opulent se déroulant...

le 23 mai 2016

108 j'aime

8

Seul sur Mars
Kiwi-
8

Le Gai savoir.

La semaine où la NASA annonce officiellement avoir trouvé de l’eau sur Mars, Ridley Scott, jadis grand créateur d’atmosphère, sort son nouveau film sur un homme égaré sur la planète rouge après avoir...

le 21 oct. 2015

97 j'aime

4

The Neon Demon
Kiwi-
10

Cadavre exquis.

Devil's dance. Seconde escapade de Nicolas Winding Refn à Los Angeles, « The Neon Demon » s'ouvre sur un long travelling arrière dévoilant le cadavre d'une jeune poupée, dont le regard vide fixe...

le 24 mai 2016

96 j'aime

18