Régulièrement cité parmi les chefs d'oeuvre incontournables de l'Histoire du Cinéma Psychose reste sans nul doute le film le plus célèbre de Sir Alfred Hitchcock doublé du plus grand succès commercial de sa fructueuse carrière.


Voilà un film définitivement précédé par sa réputation, de la figure emblématique du psychopathe Norman Bates à la musique stridente de Bernard Herrmann en passant par la mythique scène de la douche : une séquence majeure ayant fait bon nombre d'émules parmi les cinéastes, à commencer par Brian De Palma et ses multiples relectures hitchcockiennes ( Sisters, Phantom of the Paradise, Dressed to Kill...). Sur un scénario de Joseph Stefano somme toute assez rudimentaire - mais n'en demeurant pas moins précurseur dans le genre - Hitchcock livre un véritable modèle de mise en scène, agençant ses plans dans une maîtrise du découpage technique proprement saisissante. La fluidité et l'inventivité des mouvements de caméra permettent au cinéaste de mettre en valeur une histoire simple mais passionnante, construite sur le mode digressif du glissement. C'est à la fois admirable, implacable et un tantinet désincarné sur le plan émotionnel.


Hitchcock inaugure son Psychose par le générique abstrait et minimaliste du génial Saul Bass, accompagné des cordes frottées de l'orchestre dirigé par Herrmann... S'ensuivent l'introduction du personnage de Marion Crane et la mise en place d'un étonnant MacGuffin ( un incompréhensible vol d'argent ), annonçant davantage un polar qu'un film d'horreur psychologique. Césure parfaite d'un métrage à la fois didactique et virtuose la scène de la douche permet au réalisateur de créer l'illusion du carnage, enchaînant avec rapidité des plans tranchant avec l'atmosphère diurne de la première partie.


La seconde moitié de Psychose, s'attardant principalement sur Norman Bates, s'inscrit résolument dans le genre et les retombées de la disparition de Marion Crane ; elle oscille habilement entre les moments de suspense et les explications psychologiques du caractère de Bates. Le dénouement, volontairement démonstratif, confère à l'ensemble quelque chose qui tient de la leçon de cinéma clinique et dérangeante, jusqu'à un plan ultime en forme d'image subliminale tout à fait marquante et significative.


Il s'agit d'un chef d'oeuvre incontestable du Septième Art, annonçant avec humour le déferlement technique des Oiseaux par l'entremise du personnage joué par Anthony Perkins ( sa passion pour la taxidermie permet à Hitchcock de nous offrir une scène troublante de dîner morbide ) et succédant avec panache à l'excellent divertissement que constitue La Mort aux Trousses. Un parangon du Cinéma à revoir encore et encore afin de comprendre le génie d'Alfred Hitchcock. Unique.

stebbins
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le 20 nov. 2018

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